Le hasard nous a surpris
entre deux serrements de coeur
et nous a recrachés
dans cette immensité fluide.
Pourquoi ne pas rompre
le mutisme de l'eau, sa docilité,
pourquoi ne pas apprivoiser
cette aura de cobalt
qui en a déjà séduit plus d'un?

Pour déchaîner la lumière,
il ne suffirait que d'une note
soufflée dans le sable,
cultivée avec un peu d'haleine
jusqu'à ce que jazz s'ensuive.

Jazz à nos risques et périls:
un chant qui martèle les flancs,
qui tatoue d'impatience
les artères truffées d'espoir.
Jazz d'hier au goût d'immédiat:
faut-il que nous hésitions encore
au seuil de la création?

Viens, repeignons la vitre
du bout de nos doigts flâneurs,
imaginons une explosion fractale
de tropiques cristallins,
flore de mille et une voix
où se délient et s'emmêlent
nos extrémités de méduses.

De voltiges en naufrages,
laissons-nous dériver
aux confins de l'aquarium,
l'aller simple de l'amour
dans toute son amplitude,
une onde souple et fertile
flottant des lèvres du poète.