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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-08-21
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A Vicente Huidobro.
Le grand poète des vanités se regarde dans le miroir et dit personne n’est mieux que moi personne n’est plus beau ni délicat plus moqueur, paradoxal et irrésistible Et quand je marche dans les rues on me poursuit et on me demande des autographes on s’agglutine autour de moi ou on s’évanouit car je suis plus immortel que les aiguilles et dans ma bouche soupirent les étoiles Ainsi, chaque montagne est un poil dans mon oreille et chaque nuage une échelle de secours où je monte et descends tel un magicien poursuivant son lapin sans jamais le rattraper Néanmoins les hélicoptères m’adorent les scolaires aussi que j’aperçois du coin de l’œil m’adorent le trapéziste d’un cirque expulsé m’adore l’hôtesse de l’air d’ un vol imaginaire m’adore les nains, les lutins, les fantasmes m’adorent et tous crient : « Vas-y Vincent, vas-y avec sa tête enserrée dans un chapeau vas-y, celui qui urine sur les astres celui qui respire des copies US et change de couleur jusqu’à en devenir insupportable » Et moi je me moque comme un bouddha gâteux lorsqu’ils me jettent des fleurs aux pieds et je me remplis de numéros de téléphone et de femmes qui donneraient leurs propres seins pour effleurer mon front d’amant de multitude ou pour regarder mes cheveux sortis d’un arc-en-ciel fruité Je possède quelques chants lunaires en français et un chat qui me parle en un langage posthume et un chien qui me mord et lèche mes antennes et de la coriandre qui me demande qui je suis et je lui dis « ne me cherche pas ne fais aucun cas de la rose effeuillée tu as ta propre sagesse ta propre odeur ton nom dans la casserole dominicale point n’est besoin que tu sois si belle pour qu’on te respecte car il suffit de te goûter pour que tu aies gagné le paradis et un espace dans ma gorge » Je m’en vais maintenant en parachute je m’en vais dans mon aéronef de plumes anonymes je m’en vais pincer les fesses d’un piano faire une sieste dans un cercueil d’œuf (Traduction : Nicole Pottier)
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