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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2016-04-01 | [This text should be read in francais] |
1. La genèse rĂ©ciproque
Dans sa dĂ©marche, Gilbert Durand a valorisĂ© la dynamique des images plus que leur forme. Cette position implique que ni les pulsions subjectives ni les intimations objectives ne sont ontologiquement premières. Et c’est lĂ l’une de ses thèses. Cette position a permis Ă l’anthropologue grenoblois d’analyser les symboles et archĂ©types cycliques en partant du milieu astro-biologique, en passant ensuite Ă l’environnement technologique et en dĂ©bouchant enfin sur le schème psycho-physiologique, alors que pour le dĂ©chiffrage des autres symboles et archĂ©types il a pris comme point de dĂ©part le schèmatisme psycho-physiologique. Il a dĂ©montrĂ© de cette façon que l’Ă©tude des images se satisfait indiffĂ©remment d’une dĂ©marche culturaliste ou d’une dĂ©marche psychologiste. Dans un autre ordre d’idĂ©es, cette position lui a permis d’avancer l’idĂ©e selon laquelle les images transcendent aussi bien les incidentes caractĂ©rielles ou sexuelles que les incidentes sociales. Par la même occasion, il a montrĂ© en quoi le mĂ©canisme freudien de la censure est rĂ©ducteur: « L’imagination selon les psychanalistes est le rĂ©sultat d’un conflit entre les pulsions et leur refoulement social, alors qu’au contraire elle apparaĂ®t la plupart du temps comme rĂ©sultant d’un accord entre les dĂ©sirs et les objets de l’ambiance sociale et naturelle. » (Durand, 1963 : 30). Sur ce dernier point il faut quand même dire que « l’accord entre les dĂ©sirs et les objets de l’ambiance sociale et naturelle » n’a pas plus de chances de se manifester que le dĂ©saccord, Ă©tant donnĂ© que ni l’un, ni l’autre ne dĂ©pendent du sujet. Le sujet vit, certes, l’accord ou le dĂ©saccord, y participe, mais indĂ©pendemment de sa volontĂ©. D’ailleurs, Gilbert Durand Ă©crit lui-même ceci: « subir une action est certes diffĂ©rent de la faire, mais c’est encore en un sens y participer ». (Durand, 1963 : 220). Justement, ce qui fait la diffĂ©rence entre vivre l’accord ou le dĂ©saccord avec les objets de l’ambiance sociale et naturelle et exercer une action sur ces objets c’est la diffĂ©rence entre subir une action et la faire. La libertĂ© de choisir n’est prĂ©sente que dans le deuxième cas. Le sujet a alors la libertĂ© de rechercher les objets qui ont Ă©tĂ© en accord avec ses dĂ©sirs, comme il est libre d’Ă©viter les objets qui ont contrariĂ© ses attentes, mais il ne peut rien contre l’action que ces objets ont exercĂ© ou exerceront sur lui. Cette action il la subit. Gilbert Durand dit que le schème du mouvement organise les symboles et il le dĂ©montre. Mais il manque un maillon Ă sa dĂ©monstration. Il ne dit pas ce qui fait que ce schème soit ascendant plutĂ´t que descendant, ou inversement. Plus prĂ©cisĂ©ment, il ne dit pas ce qui oriente le mouvement et motive par lĂ les symboles qu’il organise. D’autant plus que ce qui les motive rĂ©duit aussi leur polyvalence. En fait, ce qui active un schème du mouvement au dĂ©triment d’un autre et enclenche Ă©ventuellement le changement de RĂ©gime c’est l’accord ou le dĂ©saccord entre les besoins d’un individu et les objets de son ambiance naturelle et sociale. Et c’est pareil pour le changement de RĂ©gime de toute une communautĂ©. La logique rĂ©versible du trajet anthropologique demande Ă son tour une prĂ©cision. Dans la naissance des images, il y a en effet « genèse rĂ©ciproque » entre l’environnement matĂ©riel et le « geste pulsionnel ». Et Gilbert Durand prend soin de prĂ©ciser non seulement comment naissent les images, mais aussi où elles naissent : « au niveau de l’imaginaire » . L’image occupe donc une place dans la psychĂ© de l’anthropos. Or elle ne peut occuper cette place que par rapport Ă d’autres reprĂ©sentations, la psychĂ© Ă©tant justement ce lien entre les reprĂ©sentations. La place qu’une image occupe indique l’ordre de son arrivĂ©e dans la psychĂ©. Et cet ordre, en raison des liens qu’elle noue avec les reprĂ©sentations prĂ©cĂ©dentes, est irrĂ©versible. Quant aux liens, elles se font Ă base d’analogies et crĂ©ent les constantes que partagent les individus d’une même communautĂ©, dans notre cas, la communautĂ© humaine. L’ordre de succession des reprĂ©sentations crĂ©ent les diffĂ©rences, qui se manifestent d’une communautĂ© humaine Ă l’autre, d’un individu Ă l’autre, et sont irrĂ©ductibles. En raison des constantes, la probabilitĂ© qu’un individu ou une communautĂ© d’individus agisse d’une manière plutĂ´t que d’une autre est forte. A cause des diffĂ©rences cette probabilitĂ© ne peut jamais devenir certitude. Mais la cognoscibilitĂ©, favorisĂ©e par les constantes et occultĂ©e par les diffĂ©rences, ne rĂ©sume pas toute la problĂ©matique du trajet durandien. Il y a encore son fonctionnement, sa rĂ©versibilitĂ©, qui pose problème. Et lĂ le rĂ´le des diffĂ©rences est premier, Ă©tant donnĂ© qu’elles seules peuvent motiver une action de sens contraire, peuvent remettre en marche le « trajet ». Chez Gilbert Durand il y a un certain flottement dans la dĂ©finition du concept de trajet anthropologique. Ainsi, si les deux formulations suivantes se rapprochent, la troisième comporte un Ă©lĂ©ment nouveau, difficile Ă intĂ©grer: « Il faut nous placer dĂ©libĂ©rĂ©ment dans ce que nous appellerons le trajet anthropologique, c'est-Ă -dire l'incessant Ă©change qui existe au niveau de l'imaginaire entre les pulsions subjectives et assimilatrices et les intimations objectives Ă©manant du milieu cosmique et social. » (Durand, 1963 : 31) « Nous postulerons une fois pour toutes qu'il y a genèse rĂ©ciproque qui oscille du geste pulsionnel Ă l'environnement matĂ©riel et social, et vice versa. » (Durand, 1963 : 31) « Finalement l’imaginaire n’est rien d’autre que ce trajet dans lequel la reprĂ©sentation de l’objet se laisse assimiler et modeler par les impĂ©ratifs pulsionnels du sujet, et dans lequel rĂ©ciproquement, comme l’a magistralement montrĂ© Piaget, les reprĂ©sentations subjectives s’expliquent par les accommodations antĂ©rieures du sujet au milieu objectif. » (Durand, 1963: 31-32) Je commencerai par Ă©numĂ©rer les Ă©lĂ©ments communs aux trois formulations. Tout d’abord, « les pulsions subjectives et assimilatrices » qui deviennent par la suite « geste pulsionnel » et, respectivement, « impĂ©ratifs pulsionnels du sujet ». Ensuite, « les intimations objectives Ă©manant du milieu cosmique et social » qui prennent la forme de « l’environnement matĂ©riel et social » et, respectivement, de « l’objet » dont la reprĂ©sentation se laisse assimiler et modeler. Enfin, l’idĂ©e d’Ă©change incessant qui est rendue une fois par l’expression « genèse rĂ©ciproque », une autre fois par le mot « rĂ©ciproquement ». Quant Ă l’Ă©lĂ©ment nouveau, il est reprĂ©sentĂ© « par les accommodations antĂ©rieures du sujet au milieu objectif », qui, dit Gilbert Durand Ă la suite de Jean Piaget, sont de nature Ă expliquer le caractère subjectif des reprĂ©sentations. Inutile de dire qu’il ne peut y avoir de « genèse rĂ©ciproque » entre trois Ă©lĂ©ments, qu’un de ces Ă©lĂ©ment est donc de trop. Et quelque curieux que cela puisse paraĂ®tre ce n’est pas le troisième. « Les accommodations antĂ©rieures du sujet au milieu objectif » font rĂ©fĂ©rence Ă l’ expĂ©rience antĂ©rieure du sujet et cette expĂ©rience, diffĂ©rente d’un sujet Ă l’autre, modèle en effet l’objet reprĂ©sentĂ©. En parlant de l’ordre de succession des reprĂ©sentations qui est diffĂ©rent d’un individu Ă l’autre, j’ai pratiquement exprimĂ© la même idĂ©e, tout en mettant en avant l’idĂ©e de succession et d’ordre de succession. Ensuite, dans la troisième formulation, on a deux sources de subjectivitĂ©, alors qu’une seule suffit. En fait, « les impĂ©ratifs pulsionnels » accompagnent l’expĂ©rience antĂ©rieure du sujet et vont colorer affectivement sa nouvelle expĂ©rience. Ces gestes bio-psychologiques que sont les impĂ©ratifs pulsionnels sont toujours ancrĂ©s dans l’expĂ©rience. Sous la forme de l’accord ou du dĂ©saccord du sujet avec l’objet nouvellement reprĂ©sentĂ©, ils vont orienter les choix ultĂ©rieurs du sujet, ses actes. Autrement dit, ils jouent un rĂ´le important, mais non pas pour le sujet en tant que patient mais pour le sujet en tant qu’agent. Et après tout, c’est le sujet dans son hypostase d’agent qui conduit au changement de RĂ©gime ou Ă son maintien. 2. La primautĂ© de l’image Une autre thèse concerne la primautĂ© de l’image sur le concept, du sens figurĂ© sur le sens propre. Pour tout dire, Gilbert Durand dĂ©place l’imagination de la pĂ©riphĂ©rie vers le centre et fait subir un mouvement contraire Ă la raison qui « apparaĂ®t, Ă la limite, comme une activitĂ© rĂ©gionale, restreinte de l’esprit, dont l’imagination serait la forme amplifiĂ©e, gĂ©nĂ©ralisĂ©e. » (Wunenburger, 2015 : 20). Mais l’idĂ©e de genèse rĂ©ciproque exclut toute idĂ©e de primautĂ©. Pour le prouver, j’ai construit un exemple Ă partir d’un Ă©vĂ©nement qui s’est dĂ©roulĂ© du 9 mars au 3 juillet 2015. Il s’agit du tour du monde en avion solaire, un avion conçu pour voler jour et nuit sans avoir besoin de carburant et surtout sans polluer l'environnement. En supposant que 2 milliards d’individus soient au courant du tour du monde en avion solaire, on aura 2 milliards de reprĂ©sentations diffĂ©rentes de l’Ă©vĂ©nement. Et comme il n’y a pas de reprĂ©sentation neutre, des valeurs diffĂ©rentes accompagneront ces reprĂ©sentations. Cela donnera finalement 2 milliards de façons diffĂ©rentes de se rapporter au même Ă©vĂ©nement. Selon Gilbert Durand ces diffĂ©rences s’expliquent par les accommodations antĂ©rieures du sujet au milieu objectif. Ou ce qui revient au même, par le parcours diffĂ©rent de chaque individu. Plus exactement, la reprĂ©sentatation de l’Ă©venement se laisse assimiler et modeler par les reprĂ©sentations antĂ©rieures de chacun des 2 milliards d’individus. Les reprĂ©sentations antĂ©rieures, Ă leur tour, se trouvent modifiĂ©es par l’assimilation de la nouvelle reprĂ©sentation. Il y a ainsi un double mouvement, de l’objet vers le sujet et inversement ou ce que Gilbert Durand appelle genèse rĂ©ciproque. Ce qui est important c’est que ce double mouvement s’inscrit chaque fois dans les limites d’une reprĂ©sentation antĂ©rieure. Disons par exemple qu’une partie des individus qui sont au courant de l’Ă©vĂ©nement n’ont pas la notion de vol en avion solaire. Dans ce cas la nouvelle reprĂ©sentation se formera dans les limites d’une notion qu’ils ont dĂ©jĂ , celle de vol en avion. Si, exceptionnellement, il y a des individus qui n’ont pas la notion de vol en avion, la nouvelle reprĂ©sentation se formera dans les limites de la notion de vol en gĂ©nĂ©ral. Et si par absurde, il y a des individus qui n’ont pas la notion de vol non plus, la nouvelle reprĂ©sentation se formera dans les limites de la notion de mouvement, qui est encore plus gĂ©nĂ©rale. Dans tous les cas, il y a une notion antĂ©rieure qui accueille la nouvelle reprĂ©sentation. Celle-ci, de son cĂ´tĂ©, fait que la notion antĂ©rieure s’affine, se diffĂ©rencie. Le mouvement prendra ainsi la forme du vol, le vol deviendra vol en avion. Le vol en avion deviendra Ă son tour vol en avion solaire. Et s’il y a des individus qui ont dĂ©jĂ la notion de vol en avion solaire, c’est cette notion qui va s’affiner au fur et Ă mesure du dĂ©roulement de l’Ă©vĂ©nement. Une première conclusion : on peut ne pas avoir le concept de vol en avion solaire, mais on ne peut se reprĂ©senter le vol en avion solaire en dehors de tout concept. Et cette reprĂ©sentation, même si le concept n’est pas le même pour tous, n’est pas moins objective, Ă©tant donnĂ© que le vol en avion solaire est tout cela : mouvement, vol, vol en avion. Seul le degrĂ© de comprĂ©hension est diffĂ©rent. La reprĂ©sentation du vol en avion solaire, d’autre part, est connotĂ©e positivement ou nĂ©gativement, elle n’est jamais tout Ă fait neutre. Selon les individus, elle est teintĂ©e d’espoir, de crainte, de doute, de mĂ©fiance, de terreur, etc : l’espoir de rĂ©ussir, la crainte d’Ă©chouer, la mĂ©fiance face au mobile du vol, le doute quant Ă l’endurance des pilotes, la terreur du vide, etc. Cette reprĂ©sentation est donc non seulement l’expression de l’objet, le vol en avion solaire, mais aussi de l’attitude du sujet vis-Ă vis de cet objet. Elle est subjective. La difficultĂ© est pourtant ailleurs. Comment une image subjective, chargĂ©e affectivement, peut-elle transcender les diffĂ©rences caractĂ©rielles, sexuelles ou sociales, comment peut-elle accĂ©der au statut de symbole et d’archĂ©type ? Gilbert Durand y rĂ©pond en disant que le schème du mouvement, qui sous-tend les dominantes posturale, digestive, cyclique, organise les images. Ce schème, commun Ă tous les humains, fait que les images soient ontologiquement premières et qu’elles subsument les concepts. En fait, chaque schème, qu’il soit ascendant, descendant ou cyclique, valorise certains attributs de l’objet au dĂ©triment des autres, de sorte que les constellations d’images sont finalement des constellations de valeurs. Mais les choses auxquelles les valeurs d’une constellation se rapportent dĂ©bordent la constellation. Gilbert Durand a magistralement dĂ©couvert des constantes de la subjectivitĂ©, des constantes liĂ©es Ă la nature commune des humains. Mais il faut dire que le mĂ©canisme qui mène Ă la formation des concepts, contribue Ă la formation des symboles et archĂ©types aussi. Prenons l’Ă©tat qui accompagne la reprĂ©sentation du vol en avion solaire. Il est dĂ©terminĂ© par le vol, mais aussi et par l’Ă©tat que chacun des 2 milliards individus ont eu lors d’expĂ©riences similaires. Des expĂ©riences positives appelleront ainsi un sentiment de confiance et d’espoir. Des expĂ©riences nĂ©gatives viendront, par contre, gâcher le plaisir que les individus pourraient avoir Ă suivre le dĂ©roulement du vol en avion solaire. Si dans une expĂ©rience antĂ©rieure, positive ou nĂ©gative, un de ces individus a Ă©tĂ© impliquĂ© directement, des Ă©motions fortes feront surface. Le nouvel Ă©vĂ©nement, de son cĂ´tĂ©, renforcera ou attĂ©nuera ces Ă©motions. Et son influence sera d’autant plus importante que l’enjeu de l’Ă©vĂ©nement pour l’individu est important. En gĂ©nĂ©ral, un Ă©vĂ©nement, quel qu’il soit, peut se dĂ©rouler bien ou mal ou plus ou moins bien et son enjeu peut être minime ou colossal ou entre les deux. Pour un individu donnĂ©, la valeur d’un Ă©vĂ©nement dĂ©coule, d’une part, des paramètres de l’Ă©vĂ©nement, d’autre part, des Ă©vĂ©nements similaires que cet individu a vĂ©cus. FormĂ©e dans les limites d’une valeur antĂ©rieure et dĂ©terminĂ©e dans sa formation par un Ă©vĂ©nement nouveau, la nouvelle valeur est une constante et une variable aussi. Quoiqu’il en soit, elle est l’expression de la relation de l’individu avec l’Ă©vĂ©nement et comme telle, elle ne peut Ă©puiser l’Ă©vĂ©nement dont l’expression est le concept. Le concept fait de la reprĂ©sentation de l’Ă©vĂ©nement une information qui guide l’individu dans le monde hors de lui. Mais, Ă©tant neutre, le concept ne met pas l’individu en Ă©tat d’agir. La valeur, de son cĂ´tĂ©, transforme la reprĂ©sentation de l’Ă©vĂ©nement en image. Et cette image, chargĂ©e affectivement, fait l’individu agir et agir d’une façon plutĂ´t que d’une autre. La dimension ontologique de l’image est indĂ©niable et l’anthropologue grenoblois a eu raison de se battre pour la rĂ©habiliter, mais non pas au dĂ©triment du concept. Il y a de la place pour les deux. Personne ne conteste le fait que l’homme peut agir bien mais il peut agir mal aussi. Il agit bien chaque fois qu’il agit en accord avec la rĂ©alitĂ© autour de lui et mal quand il agit en dĂ©saccord avec cette rĂ©alitĂ©. Mais dans un cas comme dans l’autre, consciemment ou inconsciemment, il agit en accord avec lui-même. L’expression de l’accord avec lui-même est l’image qu’il se fait de la rĂ©alitĂ©, qui est toujours subjective. L’expression de l’accord ou du dĂ©saccord avec la rĂ©alitĂ© est le concept, qui peut être vrai ou faux. 3. Le sĂ©mantisme de l’image Une dernière thèse est celle du sĂ©mantisme de l’image. Selon cette thèse, l’image est motivĂ©e, Ă la diffĂ©rence du signe linguistique qui est arbitraire. Dans l’image il y aurait donc homogĂ©nĂ©itĂ© du sens et de la forme. Cette thèse mĂ©rite, certes, d’amples dĂ©veloppements. Je me contenterai ici de lui opposer une autre thèse, celle selon laquelle l’image n’est pas plus motivĂ©e que le signe linguistique et le signe n’est pas plus arbitraire que l’image, la polyvalence de l’un comme l’autre se laissant rĂ©duire par le contexte. Il faut encore prĂ©ciser le sens que je donne au mot contexte. Pour ce faire, je me rapporterai Ă une situation de communication Ă trois interlocuteurs et je dirai, en accord avec les considĂ©rations antĂ©rieures sur le trajet anthropologique, qu’Ă cette situation correspondent trois contextes diffĂ©rents. C’est que le sens de ce qui est dit dĂ©pend aussi du parcours de chaque interlocuteur, de ses « accommodations antĂ©rieures » au milieu linguistique et social. Qu’en est-il de l’image ? Une image, tout en Ă©tant diffĂ©rente d’un sujet Ă l’autre, comporte des Ă©lĂ©ments qui sont communs Ă tous les sujets et qui font que l’image puisse s’Ă©riger en symbole. Prenons le vol en avion. Pour tous les 2 milliards d’individus, il est un superlatif du dĂ©placement et une promesse de rĂ©alisation de leurs rêves les plus audacieux. En même temps, il est le dĂ©placement Ă haut risque par excellence, la chute Ă©tant le contrepoint de l’ascension. L’avion, de son cĂ´tĂ©, symbolise, dans sa qualitĂ© d’embarcation, les pĂ©ripĂ©ties du voyage ; il a un caractère dramatique. En tant que vaisseau fermĂ©, il participe par contre au grand thème de « la berceuse maternelle », il est le symbole de l’intimitĂ© rassurante, et les compagnies aĂ©riennes promeuvent cette image. Quant au vol en avion solaire, il est un vol expĂ©rimental qui met de son cĂ´tĂ© toutes les chances et assume tous les risques. Il incarne cette volontĂ© de puissance, de transcendance caractĂ©ristique du RĂ©gime Diurne. Par son intention, celle de promouvoir les Ă©nergies renouvelables et de prĂ©server les ressources de la Terre, ce vol se laisse accaparer par le RĂ©gime Nocturne. Le tour du monde en avion solaire est finalement emblĂ©matique de cette tendance qui va en s’accentuant depuis la fin du XXe siècle et qui consiste Ă rechercher « l’antidote du temps » dans la rassurante et chaude intimitĂ© de la substance, tellurique ou marine, et dans les constantes rythmiques qui scandent les phĂ©nomènes de la Terre. Mais cette tendance se rĂ©alise au moyen d’innovations techniques et en privilĂ©giant les hĂ©ros et leurs prouesses au dĂ©triment de l’accord avec la nature. Tous les 2 milliards d’individus qui suivent le tour du monde en avion solaire partagent ces ces valeurs, mais toutes ces valeurs ne sont pas actualisĂ©es pour tous de la même façon. Et cela doit être mis en rapport avec le parcours de chacun. Ou pour citer Gilbert Durand : « Le monde de l’objectivitĂ© est polyvalent pour la projection imaginaire, seul le trajet psychologique est simplificateur. » (Durand, 1963 : 261) En transcendant ces diffĂ©rences, on dira que ce dĂ©but de XXIe siècle est Ă tendance « nocturne » et Ă prĂ©pondĂ©rance « diurne », qu’il fonctionne sur les deux RĂ©gimes. Bibliographie Gilbert, Durand, 1963, Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Presses universitaires de Paris. Gilbert, Durand, 1994, L’imaginaire. Essai sur les sciences et la philosophie de l’image, Paris, Hatier. Gilbert, Durand, 1996, Introduction Ă la mythodologie. Mythes et sociĂ©tĂ©s, Paris, Albin Michel. Wunenburger, Jean-Jacques, 2015, « Imaginaire et rationalitĂ© chez Gilbert Durand. D’une rĂ©volution copernicienne Ă une nouvelle sagesse anthropologique », Variations sur l’imaginaire – L’Ă©pistĂ©mologie ouverte de Gilbert Durand Orientations et innovations – Yves Durand, Jean-Pierre Sironneau, E.M.E., pp. 4-31.
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