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Le petit enfer du cinéma intérieur
article [ ]

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by [Reumond ]

2023-10-26  | [This text should be read in francais]    | 









Les antivirus les plus performants et autres pare-feu efficaces ne nous font pas faire l’économie de nos propres projections, et ne nous épargnent nullement ce "petit enfer", intérieur autant que personnel.

Nous ne cessons de nous identifier à nos écrans qui d’ailleurs nous le rendent ou nous le renvoient très bien !

Notre vision du monde, de nous et des autres, n'est en vérité comme en réalité, que nos propres visions, interprétations et projections des choses.

C'est ainsi depuis la création du cinéma, et surtout bien avant, depuis la nuit des temps, celui des salles et des grottes obscures.

Notre « espace tempes » a toujours été un lieu privilégié de projection plus ou moins efficace, tel un projecteur, au sens psychologique bien sûr.

Ciné, cinéma , cinémoi et vous…

C’est ainsi que nous sommes le meilleur de notre public, et en plus, des critiques de premier choix, comme des témoins de première ligne.

Et comme assis à la meilleure place , bien engoncé dans notre petite zone de confort, nous sommes bien, et bienheureux de nous faire tout notre cinéma sur la vie en général et même sur notre existence en particulier.

Depuis le tout premier groupe tout d’êtres faillibles et familiers, ce type particulier de « projection », a toujours été l’activité préférée des z’humains et de leurs z’humeurs.

Ciné, cinéma , cinémoi et Vous ?

Entre les ombres et les lumières, entre la tête et le cœur, le ventre et les méninges… Ces espaces tempes n’ont jamais cessé d’être actifs en ces salles de spectacle intérieur.

Des salles imaginaires pour tous les goûts, des lieux de théâtre pour toutes les émotions et tous les sentiments, et même des lieux de concerts pour tous les fans…

Je parle ici, évidemment de nos propres espaces de « projections » du dedans, même si leurs effets se font bien ressentir au-dehors, comme des conséquences ; même si l’adjectif « Propre » reste toujours sujet à caution. Mais ne vous arrêtez pas à ces détails et à ces références anatomiques, prenez simplement votre ticket.

Ciné, cinéma , cinémoi et vous…

On a beau ne pas s’y connaître en cinoche, et ne pas se reconnaître dans ces projectionnistes et illusionnistes de la lanterne magique; on a beau ne pas s'y retrouver dans ces scénarios de vie, au point même d’être tenté de dire comme des enfants qui se sentent accusés ou acculés à dire la vérité : « ça, ce n’est pas moi ! »,
« ce n’est pas de ma faute ! » ou
« ça, c’est plus fort que moi ! »,

Le cinéma intérieur reste une réalité inébranlable, autant qu’une métaphore des plus cinématographique.

Silence, "je pense, donc je tourne !"

Rassurez-vous, ce n'est pas ici le lieu, je vous épargnerais tous les films que je me joue à moi-même et que j’interprète du bout des doigts; tous les multiples scénarios faits main et méninges que je me construis du matin au soir et surtout durant la nuit.

Pareillement, je vous éviterai les visions dantesques et les films d’horreur que je me joue en douce. Et je ne vous dirais rien de tous ces films que je monte et que je colle image après image ; des films parfois tellement muets qu’ils vous laissent sans voix ; ou en noir et blanc, tellement beau qu’ils vous font penser à l’œuvre d’un Tarkosky.

Ciné, cinéma , cinémoi et vous…

De même, je laisserais là sur mes propres étagères, tous les films que je me joue depuis la petite enfance; ceux que je sous-titre à ma manière, ceux que je monologue ou que je dialogue ; ceux que je commente comme des faits divers ou de simples documentaires que l’on ne peut taire.

Ciné, cinéma , cinémoi et vous…

Et puis, il y a aussi à notre programme, tous ces fantasmes cinématographiques qui habitent nos rêves et notre propre grand écran, comme des fantômes dans un vieux manoir ; parce que toutes les salles obscures, celles du dedans comme celles du dehors, sont comme des chambres d'écho et des pièces noires de photographes; toutes pleines d’une lumière rouge sang, qui révèle les pires cauchemars comme les plus belles rêveries ; car la « camera obscura » qui est en nous, est comme une boîte noire d’avion traversée de drames, tout autant que de comédies.

Ciné, cinéma , cinémoi et vous…

Certains d’entre nous ont peut-être la double vue, ou un 6e sens, quant à moi qui ne fais pas exception à la règle projective, j’ai « la caboche cinoche » qui poétise et ne cesse de faire des siennes sur sa grande toile à la mesure de mes propres désirs, tout comme s’ouvrent les voiles à la mesure des vents.

C’est de la sorte que nous sommes tous non seulement nos projecteurs, mais que nous sommes aussi nos producteurs, nos scénaristes et nos metteurs en scène ; et bien évidemment, c’est ainsi que nous jouons le jeu en étant nos propres acteurs plus ou moins talentueux, face à tout un monde de figurants haut en couleur.

L’existence est ainsi montée de toutes pièces et de toutes bobines, tel un plus ou moins long métrage que parfois on se montre, mais que toujours on se monte soi-même dans notre chambre noire.

C'est un film, tel un grand puzzle que l’on se construit soi-même avec les milliards d’images collectées, et des milliers de pièces préfabriquées ... De celles qui composent nos propres croyances, nos tas de pensées et les pellicules de notre imaginaire plus ou moins tortueux.

Ciné, cinéma , cinémoi …

Tels des Dédale composant leurs propres labyrinthes intérieurs, avec la matière de son propre vécu, de ses épreuves et tous ses éprouvés… Nous construisons nous aussi un petit enfer, un purgatoire ou un petit paradis à notre image et à notre ressemblance, avec des images à la mesure de notre projecteur et de notre vie.
Et inutile de nous raconter des histoires, nul ne fait exception à ce festival de Canne du dedans !

C’est d’ailleurs là nos « superpouvoirs », celui que nous avons tous en nous ; un « superpouvoir », différent de tous les autres, celui de pouvoir faire notre cinéma sur mesure et à la demande.

" Je l'avais bien dit !" Souligne le projectionniste.
Ce qu’approuvent les ouvreuses, 24 images par seconde à travers les années-lumière de cinéma humain.

Entre le ciel et la mer sur la plage privée comme sur la place publique tout n’est que projection, comme une exhibition, une joute entre les puissants et les faibles comme un éternel combat entre le bien et le mal…

Et sans être dualiste à outrance, le matche entre machiste et féministes confirme la chose…

Ciné, cinéma, cinémoi à volonté…

Les jeux d’écrans interposés égalent ceux du cirque et des arènes de jadis ; partout sur la toile, les images comme les curiosités, le sang et le non-sens abondent autant que les publicités.

Ciné, cinéma , cinémoi …

Entre les panoramas et les dioramas, nos films du dedans comme ceux du dehors, sont-ils vraiment éthiques ? Même les étrilles en doute.
Notre cinéma est-il bienveillant ? Les bigorneaux se questionnent et les méduses en restent médusées ; les bernard-l’ermite eux-mêmes n’en dorment plus sur leurs deux coquillages, et les mouettes n’en rient plus...

Notre cinéma est-il vraiment humain ?

Parole d’évangile et rituel de vague,
bien heureux les plagistes, car ils connaîtront le bonheur qu’ils souhaitent du fond du cœur ou devant leurs écrans, ceux du monde et de leur cinéma intérieur.

Le cinéma comme la littérature mondiale suffisent à lever tous nos soupçons, la réalité dépasse bien largement nos fictions, par la gauche comme par la droite…

Et voilà bien des matières à penser, croire ou imaginer pour nos multiples scénarios. Entre L'Enfer de Dante et le Paradis perdu de Milton, notre cinéma intérieur va et vient comme les grandes marées.

Petits enfers quotidiens et petit paradis naturel ou artificiel, larmes de rires ou de pleurs, l’écran comme la mer nous tire des larmes salées et la Côte de Nacre, belle comme une production de Hollywood, se déploie comme un décor hors du commun.

La musique et les images s’estompent et le générique défile comme passent les vacanciers anonymes d’un bout à l’autre de la digue, afin qu’au bout de la plage du temps, s’inscrive un jour prochain, sur le sable, en belles lettres nacrées, un « The End » final.

Et que je puisse, en toute confiance, dans le calme intérieur et le silence ; le corps, l’âme et l’esprit reposés, retourner la pancarte de mon cinéma privé, pour afficher la motion suivante, à la vitrine de la grande porte battante :

Ici on fait relâche...
Et on se relâche
Les lumières et les projecteurs sont éteints
La pendule de la digue est sur pause
Et les vagues en suspens
Pour un congé sans solde
Pour une durée indéterminable.
La salle qui reste ouverte aux quatre vents
Est bel et bien fermée dorénavant.

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