Biography evelyne jeandel
novice, aimant lire, écrire, je me suis mise à écrire des poemes pour sortir ma souffrance.Ces écrits couchés sur papier sont restés endormis dans un tiroir, et m'ont servis d'exultoir.La douleur a fait place à la sérénité, et à l'ouverture vers les autres.
L' enfer
C’était le 11août 1993
Alex aurait eu 20 ans le 2 décembre de cette année-là …Il nous a quittés à l’aube de la vie, à l’âge où la préoccupation première est de s’imaginer à l’aurore de la vie…
Sitôt prévenus par un coup de téléphone, il était 23 heures, nous nous étions rendus, mon mari et moi vers le lieu de l’accident, sonnés par ce que l’on nous avait annoncé, dans l’instant précédent.
« Il s’est passé quelque chose de grave, un accident… la voiture s’est retournée dans un champ… Alexandre ne bouge plus…
Je ne ferme pas la parenthèse, jamais je ne la fermerai.
Je ne pouvais pas comprendre réellement ce qui se passait…
Le temps nous a semblé une éternité, et en même temps, c’était comme s’il s’arrêtait.
Je suis devenue robot un moment, pensant même que je vivais un cauchemar en arrivant sur les lieux. La nuit était noire, mais nous apercevions les feux d’un énorme tracteur qui se dirigeait vers nous, vers le lieu.
J’ai demandé à Jean Claude d’aller vers Sabine que j’apercevais debout à côté de la voiture retournée. Elle était entourée des parents des trois jeunes copains (qui étaient 3 frères) . Sans perdre un instant, j’ai couru vers le petit corps recroquevillé dans le fossé, loin de la voiture.
Il était seul…C’était insoutenable ! Machinalement, je me suis agenouillée à ses côtés, souhaitant que cela ne soit qu’ une farce qu’Alexandre me faisait, car il était dans sa position préférée de l’endormissement, allongé sur le ventre. Mais…je ne pouvais pas « ne pas voir » la réalité des blessures qui peu à peu se dévoilaient à mes yeux.
Les lumières du tracteur éclairaient le champ à présent, et le visage d’Alexandre m’apparut, tourné sur le côté, mes yeux se sont fixés un moment vers l’endroit le plus horrible de la blessure, et tandis que je répétais inlassablement à mon petit que j’étais là près de lui et qu’il fallait qu’il tienne bon jusqu’à l’arrivée des secours qui n’allaient pas tarder. J’ai eu l’impression d’entendre un soupir, et de voir Alex déglutir. Le plus difficile pour moi fût de ne pas oser le toucher, de ne pas le prendre dans mes bras, tant je craignais de lui faire plus de mal. Le temps de réaliser que mon enfant ne pouvait pas s’en sortir, la blessure étant immonde, je me suis alors tournée vers le ciel, moi l ’ incroyante, et j’ai crié : « Dieu ! Si tu existes, montre-moi-le maintenant ! » Alors je n’ai plus retenu les larmes silencieuses qui ont déferlé sur mon visage. C’était un mauvais film qui se déroulait à présent …
Une force étonnante s’était manifestée en moi, une paix m’envahissait.
Mais, je me suis bien vite reprise dans l’urgence de faire quelque chose pour aider mon enfant gisant dans ce champ. Je lui ai parlé d’une voix étrange, la plus calme possible, avec tout mon amour de mère rien que pour lui, dans cet instant si court qu’il nous restait à partager tous les deux. Nous étions lui et moi de nouveau UN.
Et j’ai appelé ma maman qui était au ciel depuis si longtemps, Alexandre ne l’avait pas connue, puisque j’avais 17 ans quand elle nous a quittés. Je lui ai demandé de l’aide, certaine de sa présence à ce moment-là .
Puis curieusement, j’ai appelé la Vierge Marie : « Sainte Vierge Marie toi qui a donné ton fils pour sauver le monde, je te donne le mien afin que tu le sauves.
Prends-le, aime –le de toutes tes forces et protège-le, je t’en supplie ! Aide –le, aide –nous Marie ! »
J’ai osé demander à Alexandre d’aller vers la lumière, vers cet ailleurs qui l’attendait et qui m’effrayait, lui enjoignant de ne pas s’en faire pour nous. Répétant inlassablement que nous l’aimions si fort que rien ni personne ne pouvait vraiment nous séparer. J’ai appelé encore Marie la mère de Jésus :
Et dans l’instant suivant, j’ai accepté qu’il parte vers cet inconnu, vers cet ailleurs dont on ne parlait jamais chez nous.
Je l’aimais beaucoup trop mon enfant pour le retenir vers ce monde de souffrances, en le condamnant en quelque sorte à vivre sur terre, peut-être sur un lit d’hôpital jusqu’à la fin de ses jours.
En moi j’avais le sentiment de lui redonner la vie une seconde fois. Je ne pouvais pas expliquer ce qui se passait, cette certitude qui prenait place dans « ma raison » d’habitude si « carrée ».
Je devais agir ainsi, j’en étais certaine. Point.
Les pompiers sont arrivés, cela faisait déjà près de 20 mn que nous attendions. Je n’ai pas voulu regarder lorsqu’ils ont soulevé le corps de mon fils pour le mettre dans l’ambulance.
Il s’était déjà envolé vers cet autre monde dont j’ignorais l’existence.
Je savais qu’Alexandre était déjà parti retrouver sa mamy et que Marie s’en occuperait…
Plus tard, quand les pompiers sont sortis de l’ambulance, épuisés par leurs efforts vains pour ranimer mon petit, je leur ai demandé de me laisser quelques instants seule avec lui. Ils se sont regardés, puis ont fait un signe vers mon mari qui a acquiescé.
Alors j’ai pu lui dire mon A DIEU.
Je l’ai bien regardé, son visage était beau, un bandage lui recouvrait la tête. J’ai pu Enfin le caresser, l’embrasser et lui redire tout mon amour avant d’aller pleurer dans les bras de mon époux et de Sabine.
Ma petite puce avait la tête en sang, ses longs cheveux frisés étaient collés, mais j’étais rassurée de la voir debout. Je ne doutais pas qu’elle s’en sortirait.
Le Samu n’est arrivé que bien plus tard, vers 23h 45. Ils ne trouvaient pas l’endroit et ont cherché, paraît-il dans cette campagne à la limite des trois départements du Cher, du Loir et Cher et de l’Indre.
Ils se sont occupés de Sabine, lui ont fait les premiers soins qui s’imposaient, mis une minerve et l’ont emmenée à l’hôpital de Romorantin, en même temps les pompiers emmenaient Alexandre à la morgue du même hôpital .
Il était passé 2h du matin, nous sommes rentrés seuls, dans notre petite maison de campagne pour pleurer tout le reste de la nuit, attendant que le jour se lève pour prévenir notre famille et nos amis .
Notre petite chatte nous attendait, interrogative,dans les escaliers qui montent au premier
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