Biography Jean Giono
Jean Giono (Manosque, 30 mars 1895 - Manosque, 8 octobre 1970) est un Ă©crivain français, d'une famille d'origine piĂ©montaise. Un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal. InspirĂ©e par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son oeuvre romanesque dĂ©peint la condition de l'Homme dans le monde, face aux questions morales et mĂ©taphysiques et possède une portĂ©e universelle. Il fut accusĂ© à tort de soutenir le RĂ©gime de Vichy et d'être collaborateur avec l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale
Il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno, ainsi que du peintre Gimel. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps.
Giono est nĂ© à Manosque le 30 mars 1895. Il n'a ni frère ni sœur. Son père est un cordonnier anarchiste d'origine italienne qui passe beaucoup de temps à lire la Bible ; sa mère dirige un atelier de repassage amĂ©ricain. Giono a Ă©voquĂ© son enfance dans Jean le Bleu. En 1911, la mauvaise santĂ© de son père et les faibles ressources de sa famille l'obligent à arrêter les Ă©tudes. Il doit s'instruire en autodidacte pour assouvir sa soif de savoir. En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, il est incorporĂ© à Briançon, puis est envoyĂ© au front à Verdun et au Mont Kemmel, en Flandre-Occidentale (Belgique). Cette expĂ©rience de la guerre, au cœur d'une des batailles les plus terribles du conflit, va le traumatiser. Son meilleur ami et nombre de ses camarades sont tuĂ©s à ses cĂ´tĂ©s. Lui ne sera que « lĂ©gèrement » gazĂ©. Il reste choquĂ© par l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie, l'atrocitĂ© de ce qu'il a vĂ©cu dans cet enfer, et il deviendra un pacifiste convaincu.
Plus tard, la lecture des Ă©crivains classiques (en particulier Virgile) l'amène à l'Ă©criture ; son premier ouvrage Colline rencontre un certain succès. L'Ă©criture prend de plus en plus d'importance dans sa vie, si bien qu'après la liquidation, en 1929, de la banque où il Ă©tait employĂ©, il dĂ©cide d'arrêter toute activitĂ© professionnelle pour se consacrer exclusivement à son œuvre. Il reçoit en 1929, le prix amĂ©ricain Brentano pour Colline, ainsi que le prix Northcliffe l'annĂ©e suivante pour son roman Regain. Il est nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d'honneur en 1932.
Les Ă©vĂ©nements du dĂ©but des annĂ©es 1930 le poussent à s'engager politiquement. Il adhère à l'Association des Ă©crivains et artistes rĂ©volutionnaires (mouvance communiste), mais, par mĂ©fiance, il s'en dĂ©gage très rapidement.
En avril 1935, il publie Que ma joie demeure qui connaĂ®t un grand succès, particulièrement auprès de la jeunesse. Ce titre est une allusion explicite à la cantate de Jean-SĂ©bastien Bach, JĂ©sus que ma joie demeure, par laquelle il souhaitait exprimer sa foi en une communautĂ© des hommes, par-delà les religions (cf.la prĂ©face des Vraies Richesses)[1]. Giono et quelques amis, bloquĂ©s accidentellement dans le hameau du Contadour lors d'une randonnĂ©e sur la montagne de Lure, dĂ©cident, subjuguĂ©s par la beautĂ© des lieux, de s'y retrouver rĂ©gulièrement : ainsi naissent les Rencontres du Contadour. C'est l'Ă©poque de la publication de l'essai Les Vraies Richesses, dĂ©diĂ© aux habitants du Contadour.
Les prĂ©mices de la guerre se manifestent bientĂ´t. Jean Giono rĂ©dige alors ses suppliques Refus d'obĂ©issance, Lettre aux paysans sur la pauvretĂ© et la paix, PrĂ©cision et Recherche de la puretĂ©. La dĂ©claration de guerre interrompt la neuvième rĂ©union. Les "disciples" attendent la rĂ©action de Giono. Elle est difficile pour cet homme libre qui ne voulait pas être directeur de conscience et qui Ă©crit « Marchez seul, que votre clartĂ© vous suffise ». Il va au centre de mobilisation de Digne. Cependant, à cause de son pacifisme (il n'assimilait pas les Allemands aux nazis), il est arrêtĂ© le 14 septembre 1939. Il est relâchĂ© après un non-lieu, et libĂ©rĂ© de ses obligations militaires.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il n'ait jamais pris position en faveur du rĂ©gime de Vichy et encore moins en faveur de l'Allemagne nazie, il est accusĂ© d'avoir collaborĂ© et de nouveau emprisonnĂ©, en septembre 1944, principalement pour avoir fait paraitre Deux Cavalier de l'orage dans La Gerbe, journal collaborationniste, et un reportage photo (publiĂ© sans son accord) dans Signal, sorte de Paris Mach nazi[2]. Il n'est libĂ©rĂ© qu'en janvier 1945, sans avoir Ă©tĂ© inculpĂ©. NĂ©anmoins, le ComitĂ© national des Ă©crivains, organisme issu de la RĂ©sistance, l'inscrit sur sa liste noire, ce qui interdisait de fait toute publication de son œuvre en France. Cette mise à l'index ne prend fin qu'en 1947, avec la parution de Un roi sans divertissement, première en date des Chroniques. Pourtant, tout au long de la guerre, il a protĂ©gĂ© des fugitifs.
Dans les années qui suivent, Giono publie notamment Mort d'un personnage (1948), Les Âmes fortes (1950), Le Hussard sur le toit (1951), Le moulin de Pologne (1953).
Avec le succès de ces livres, surtout celui du Hussard sur le toit, adaptĂ© par la suite en long mĂ©trage, Giono retrouve pleinement la place qui est la sienne, celle de l'un des plus grands Ă©crivains français du XXe siècle. En 1953, le Prix littĂ©raire du Prince-Pierre-de-Monaco lui est dĂ©cernĂ© pour l'ensemble de son œuvre. Il est Ă©lu l'annĂ©e suivante au sein de l'AcadĂ©mie Goncourt. De plus en plus intĂ©ressĂ© par le cinĂ©ma (son film CrĂ©sus sort en 1960), il prĂ©side le jury du Festival de Cannes en 1961. Son dernier roman, L'Iris de Suse, paraĂ®t l'annĂ©e de sa mort, emportĂ© par une crise cardiaque le 8 octobre 1970. Jean Giono est enterrĂ© à Manosque.
Giono et Manosque
Giono s'est surnommĂ© « le voyageur immobile ». De fait, son œuvre Ă©voque souvent de longs voyages ou cheminements, alors que lui-même n'a presque pas voyagĂ©. Avant de vivre au Paraïs, qui surplombe Manosque, à partir de 1929, Jean Giono a habitĂ© à Manosque même : 1, rue Torte, où il est nĂ© le 30 mars 1895 ; 14, rue Grande, où ses parents dĂ©mĂ©nagèrent peu de temps après ; 8, rue Grande, où il emmĂ©nagea en 1930, après son mariage.
Sur le boulevard circulaire de Manosque se trouve aujourd'hui le Crédit agricole, qui était le Comptoir d’escompte, lorsque Giono y travaillait.
Il a Ă©galement souvent sĂ©journĂ© dans le Trièves où il passait ses vacances, avant la guerre (à TrĂ©minis) et après (à Lalley). Cette belle rĂ©gion montagneuse, situĂ©e au nord du col de la Croix-Haute et qu'il qualifiait de « cloĂ®tre de montagnes », lui a inspirĂ© notamment Le Chant du monde, Bataille dans la montagne (situĂ© à TrĂ©minis), Un roi sans divertissement (dont l'action se dĂ©roule dans un village correspondant à la situation de Lalley), Les Vraies richesses et Triomphe de la vie, essais qui empruntent beaucoup à la sĂ©rĂ©nitĂ© bucolique du Trièves
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