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Les Ailleurs (extrait)
essay [ ]
Approche phénoménologique des Ailleurs à travers un itinéraire rimbaldien.

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by [Reumond ]

2013-09-19  | [This text should be read in francais]    | 









Ă  Gaston Bachelard,





Avant-propos

En littĂ©rature, en philosophie comme en psychologie ou en anthropologie, la notion d'Ailleurs (et ce qui gravite autour), se retrouve au cœur et aux croisements multiples de diverses disciplines des sciences dites « humaines » et sociales. Bien que nous sachions pertinemment, et les faits semblent l’Ă©prouver et le prouver, que si l’Homme existe bel et bien (même si ce « bien » est vraisemblablement de trop), il n’est pas encore ce que nous en attendons vraiment ! Même si la notion d’ailleurs dĂ©passe la rĂ©alitĂ© humaine, Les ailleurs se disposent donc comme un champ d’investigation intĂ©ressant entre ce que nous Ă©tions, ce que nous sommes et ce que nous devenons en des Ailleurs toujours possibles.

RĂ©alitĂ© poĂ©tique, rĂ©alitĂ© spirituelle et rĂ©alitĂ© linguistique … Autant sur le plan mĂ©thodologique qu’Ă©pistĂ©mologique ou même phĂ©nomĂ©nologique, Les Ailleurs en terres rimbaldiennes me semblaient être un laboratoire pertinent pour approcher cette rĂ©alitĂ© au-delĂ  de la rĂ©alitĂ©, et un environnement particulièrement favorable Ă  une rĂ©flexion commune pour identifier les Ailleurs en jeu et entamer ensemble un ample dĂ©bat autour de ces diverses disciplines.


(...)

C’est la tête ailleurs que je trace ces mots, ici l’espace est trop petit et le temps trop mesquin, alors que partout ailleurs les chemins cheminent tout autrement, que les lignes y font des signes paisibles ou les cursives ouvrent des portes sur des coursives pleines de possibles et d’horizons lointains.

Au-delĂ  des stridences d’ici maintenant, mot Ă  mot les ailleurs nous possèdent, ils prennent forme pour s’Ă©clater au loin, plus loin, ailleurs toujours, c’est d’ailleurs leur vocation première que d’être au delĂ  des apparences, extraordinairement diffĂ©rents, tout autres…

Depuis ma mansarde de la rue de l’Arquebuse, je regarde les ailleurs planer sur la ville comme « un souffle inconnu, fouettant ta chevelure », comme un « esprit rêveur » portant « d'Ă©tranges bruits »; comme un cœur de ville qui palpite ; j’entends moi aussi « la voix de la Nature, dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits… »

Tel un S.O.S sans fin, les ailleurs sont toujours ailleurs, comme un pluriel qui s’impose Ă  l’oreille et au regard, comme un Ă©cho qui se fait « Échouages » sur les bords de Meuse, sonnerie, appel ou rappel, « Ă©cho des vals » et « cris des steppes »

Ailleurs, ailleurs…

Toute plongĂ©e dans les ailleurs et une forme d’Ă©lĂ©vation ici !

De toiture en toiture, de cheminĂ©e en clocher, ailleurs les choses veulent être distinctes ; ailleurs, l’herbe est toujours plus rouge (Vian), les voyelles plus colorĂ©es, le ciel plus bleu et la Meuse plus verte...

Alors que le passĂ© porte sur lui la nostalgie, que le prĂ©sent porte en lui la nausĂ©e, « les Ailleurs » au contraire, Ă  contre-courant, disent toujours quelque chose de nos proches « naissances latentes », de la « Paix des pâtis semĂ©s d'animaux » insolites, et de celles « des rides que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux » ;

O, suprême ailleurs, si « plein de strideurs Ă©tranges » de « Silences traversĂ©s des Mondes et des Anges », toi, « l’OmĂ©ga, rayon violet de Ses Yeux ! »

« Par la fenêtre, on voit lĂ -bas un beau ciel bleu », oui, lĂ -bas, autre part, dans un autre lieu plus Ă©trange,

Mais nulle part ailleurs, les ailleurs ne nous tiraillent autant qu’Ă  Charleville !

(...)

Tout comme dans la vision biblique de Jacob, une Ă©chelle traverse les Ailleurs; un peu comme ce vieil escalier dans La Maison des Ailleurs Ă  Charleville; une maison qui en son temps sentait bon les odeurs de l’enfance d’Arthur.

La cire de quelques meubles rĂ©gionaux, le parfum d’une maman attentive, les arĂ´mes agrĂ©ables d’une soupe qui mijote au coin du feu, du lait que l’on chauffe pour l’hiver, du cafĂ© ou du chocolat…, des effluves qui comme l’encens des autels montent les Ă©tages jusqu’au grenier, se mêlant la l’odeur du cirage sur les chaussures bien brillantes...

Ainsi, entre le Ciel et la Terre, il existe des Ailleurs qui restent habitĂ©s de prĂ©sences invisibles et d’odeurs impalpables. Dix mille fois, Arthur est passĂ© par lĂ  ! Mais comment faire pour discerner sur le parquet couinant, sur un dallage froid ou sur le papier peint, la furtive silhouette adolescente et l'ombre encore chaude du corps fiĂ©vreux de celui qui Ă©crivait dans Ma bohème

« Rimant au milieu des ombres fantastiques, comme des lyres, je tirais les Ă©lastiques de mes souliers blessĂ©s, un pied près de mon cœur ! » ?

(...)

Roland furieux, tout comme j’expĂ©rimente l’angoisse ou la fatigue, la colère ou la tristesse ; comme j’Ă©prouve mes sifflantes acouphènes et ma rasante myopie, les Ailleurs, je ne les vois pas, je ne les entends pas, je les expĂ©rimente !

J’Ă©prouve Ă  bras le corps des mots et des maux solidaires les Ailleurs, comme on Ă©prouve la vie Ă  travers l’œil d’une boule d’escalier en verre opalescent.

L’infini et l’Ă©ternitĂ© y habitent, ils s’y sentent seuls, c’est ce qui fait des Ailleurs un ailleurs improbable, mais pourtant si rĂ©el. Non lieu d’effervescence et de diversitĂ©, les ailleurs seraient-ils des lieux où l’on passe et repasse sans cesse, sans s’arrêter vraiment aux froides Ă©vidences ? Seraient-ils des non lieux où l’on meurt Ă  soi-même c'est-Ă -dire des lieux où trĂ©passent nos certitudes et le vocabulaire classique des sensations et des sentiments ? Seraient-ils des non lieux où l’on se retrouve nu face Ă  soi-même, sans protection et sans nos perpĂ©tuelles justifications ?

Ils sont sans origine et sans finalitĂ©, ainsi, ils ne connaissent pas d’obsolescence, car ils sont sans garantie aucune, en dĂ©pit de tout, les autres n’y sont pour rien, ils n’en sont pas responsables, c’est comme ça, les Ailleurs dĂ©pendent uniquement de nous et de nous seuls !

Dans notre sociĂ©tĂ© où tout se joue de faire et de savoir, où l’on joue constamment de l’ici maintenant, et du tout tout de suite, en digital et en numĂ©rique, en rĂ©alitĂ© augmentĂ©e, en direct ou en temps rĂ©el, et ou l’orgasme majeur est celui de l’immĂ©diatetĂ©, de la mondialisation du rĂ©sultat, de la possession… on ne peut saisir cet Ă©trange Ailleurs !

Quels étranges Ailleurs que ces ailleurs qui ne répondent jamais à nos attentes, c'est-à-dire à nos attentats et à notre esprit captatif…

Seuls les visionnaires ou les voyants extralucides semble-t-il peuvent percer ce voir cristallin, ce non-espace-temps fabule-Lieu, qui est celui celui de toutes les utopies et de tous les mystères.

Étranges Ailleurs que ces Ailleurs Ă©tranges où « Je » comme « les Ailleurs » sont toujours autres.

(...)

Dieu, la BeautĂ©, la VĂ©ritĂ©, l’Amour comme les Ailleurs sont des mots sans contenu propre parce qu’ils sont des contenants que nous avons Ă  remplir nous-mêmes Ă  partir de notre propre expĂ©rience. Nous avons Ă  les inventer sans cesse, Ă  les engendrer dans notre propre chair.

Dieu, la BeautĂ©, la VĂ©ritĂ©, l’Amour comme les Ailleurs, ces mots sont en rĂ©alitĂ© vides de leur richesse et pleins de leurs pauvretĂ©s, parce que nous devons y mettre du sens ! Nous sommes effectivement tous appelĂ©s Ă  naĂ®tre aux Ailleurs comme Ă  l’Amour, chacun selon ce qu’il est et ce qu’il devient ; les Ailleurs sont donc des figures Ă  gĂ©omĂ©trie variable, des objets poĂ©tiques non identifiĂ©s et nullement identifiables par d’autres.

(...)

Le grand Érasme disait qu’on ne naĂ®t pas homme, mais qu’on le devient. Effectivement, l’homme n’est pas une rĂ©alitĂ© en soi, ni une rĂ©alitĂ© du moment, encore moins une rĂ©alitĂ© du passĂ©, ni un objet, ni un sujet, il est un Ă©tat tout comme un devenir…

Ni fatalitĂ©, ni nĂ©cessitĂ©, ni dĂ©termination… car il n’est pas encore et reste en suspens, telle une puissance d’être, il est comme une Ă©quation de possibles, un algorithme Ă  unifier

(...)

Ailleurs, l’Homme reste une ouverture, un avenir probable et non pas un triste « Fatum » comme notre condition d’homo sapiens ; et il en est de même des dieux comme des Ailleurs, la perspicacitĂ©, l’humilitĂ© et la patience seules les engendrent et les affinent.

Pareillement, « la notion de partout », partout ailleurs, est plus facile Ă  dĂ©finir par ce qu’elle pourrait être, ou par ce qu’elle n’est point, que parce qu’elle est vĂ©ritablement ! Tout comme l’Odradek de Kafka, l’Ailleurs, celui des Dieux et des hommes, ne se laisse pas dĂ©finir et encore moins finir. Il reste une bobine sans dĂ©but et sans fin, « extraordinairement mobile et insaisissable » nous dit Kafka ; « Il se tient tour Ă  tour au grenier, dans les escaliers, dans les couloirs, dans l’entrĂ©e. Il arrive qu’on ne le voie pas pendant des mois ; c’est qu’il est passĂ© dans d’autres maisons ; cependant, il finit toujours par revenir dans notre maison. Parfois, lorsqu’on passe la porte et qu’il est se tient en bas contre la rampe d’escalier, on a envie de lui parler. Bien sûr, on ne lui pose pas de questions difficiles, mais, ne serait-ce qu’en raison de sa petite taille, on le traite comme un enfant. « Comment t’appelles-tu ? », lui demande-ton. « Odradek », dit-il. « Et où habites-tu ? » « Sans domicile fixe », dit-il en riant, mais ce n’est qu’un rire comme on peut en produire sans poumons. Cela fait un peu comme le bruissement des feuilles mortes. La plupart du temps, la conversation ne va pas plus loin (…) » Odradek - Kafka

(...)

Tel un sacrement de l’absente prĂ©sente ou de la prĂ©sence absente, paradoxes dans le triangle des Bermudes de l’imaginaire, du symbolique et du rĂ©el lacanien, les Ailleurs relèvent de la triangulation, ils participent des trois, comme un art de vivre pour engendrer la multitude des espĂ©rances !

Les dieux, les ailleurs, le partout… comme Odradek ne sont ni locaux, ni temporels ; ils ne sont ni objets, ni sujets ; ni culturels, ni naturels…, Ils sont simplement et humblement « des non lieu », comme « Le Bon Lieu » ou lieu du Cœur et nulle part ailleurs que dans l’expĂ©rience.

Les Ailleurs s’Ă©prouvent, ils ne se prouvent pas !

L’ailleurs est une pure intĂ©rioritĂ©, ne le cherchez pas ailleurs ! Il n’y a rien de logique et rien de linĂ©aire en eux, ils ne relèvent ni d’une forme de topologie quelconque, ni d’une savante chronologie, ils restent de pures intĂ©rioritĂ©s.

Afin de planter en nous-mêmes l’avenir, la misĂ©ricorde, la compassion, l’amour et le pardon, pour engendrer un monde meilleur. Comme dans cette prière attribuĂ©e Ă  Saint François d’Assise, devenir Homme c’est justement cette facultĂ© de pouvoir se situer « Ailleurs et ici », dans l’entre-deux, pour être capable de changer la face de la Terre ; devenir Homme, c’est s’inscrire dans cette dynamique qui consiste Ă  faire lieu et lien entre le Ciel et la terre, l’intĂ©rioritĂ© et les apparences, la tête dans les Ă©toiles et les pieds sur terre, parfaitement unifiĂ©s.

(...)

L’esprit souffle dans ces Ailleurs, d’ailleurs c’est Ă©prouvĂ© !

En citant ce « non lieu », je parle notamment de la « non-localitĂ© » et de la « non-temporalitĂ© » des Ailleurs, de ce non lieu ouvert Ă  tous les dĂ©sirs et Ă  nombre de rêves, les plumes y nagent comme dans les encriers, et ici, peintres et poètes se bousculent devant les tables. Dali y porte la myrrhe, Magritte l’or et Artaud l’encens...

Anges et bergers comme des pages moutonneuses, blanches comme les Ă©cumes de ciel se plient en quatre ; ce non lieu est une vĂ©ritable crèche, où il nous faut sans cesse renaitre Ă  nous-mêmes, un vĂ©ritable patio ouvert sur le Monde et le Cosmos.

Venu d’Orient et de nulle part, les Rois marges et les divers visiteurs s’y font plus nombreux que les Ă©toiles du ciel un grand jour de NativitĂ©. L’Ă©vangĂ©liste Matthieu lui-même Ă©tait lĂ , avec son Kodak en bandouillère, les ayant pris en flagrant dĂ©bit de voyance, en d’inimaginables visions en cette vision imaginante que nul ne peut imaginer !

Voyeurs et voyants s’y entendent sur les mots et les images : l’impossible est lĂ , mais il faut encore le dĂ©loger !

Comme pour accueillir ces prĂ©sents d’une toute grande richesse imaginaire et symbolique, comme eux, en visiteurs sensibles, attentifs, ouverts et bienveillants, laissez-vous guider par votre bonne Ă©toile vers des Ailleurs plus profonds qu’ici, afin de rendre hommage au Verbe Ă  votre tour, en cette maison pleine de rires d’enfants, du pain de la crĂ©ation et du vin de la joyeuse libertĂ©. Puisque l’ici et ses apparences nous fourvoient !

Les grands prêtres de l’ici avec leur charlatanesque mĂ©pris en prime, plaident la bonne foi et prêchent la bonne parole, mais leurs vers sentent la mort !

Ils jouent sur les mots, ou bien se jouent des chiffres et les images, ils rĂ©duisent les Ailleurs en une lourde prison de plomb, nous propose leurs marchandises Ă©lectorales, de bonnes affaires, des cadeaux pour la vie, de beaux textes qui riment avec malheur, de la littĂ©rature Ă©difiante, mais le contenu est un rĂ©el au rabais ; de même, ils portent des dĂ©corations, des prix, des Ă©tiquettes et des cols dorĂ©s, mais en trompe-l’œil, dans leurs sinistres institutions fermĂ©es Ă  l’Esprit ils nous vendent du pseudo vent et de la vraie paille, des packs d’ailleurs de carton-pâte, de fausses promotions et des arnaques mĂ©taphysique ou existentielle.

L’Ailleurs d’ailleurs ne se vend pas, il faut lui donner la vie en mourant Ă  soi-même!

Au-delĂ  des phĂ©nomènes et des Ă©piphĂ©nomènes, Les Ailleurs vomissent l’ici maintenant ! Ils ne peuvent se contenter des illusions communes, des mirages scientifiques et des miracles religieux ; ils ne peuvent se satisfaire des croyances magiques ou de la foi du charbonnier…

L’Ailleurs est au-delĂ  des faits, des Ă©motions superficielles et des sentiments affectĂ©s, des instrumentalisations de l’être, des rigides convictions et de leurs faux semblants commerciaux ou prosĂ©lytes, avec toute leur cohorte de vrais flics et de faux prophètes.

D’ailleurs, au lieu de subir l’ici maintenant, il nous faut plutĂ´t choisir l’Ailleurs qui lui ne se dĂ©tĂ©riore pas ! comme le fit Arthur Rimbaud, mort Ă  l’ici et parti pour les Ailleurs, selon les dires de Paul Verlaine,

« Vierge de toute platitude ou dĂ©cadence » , « … Dans son vœu bien formulĂ© d'indĂ©pendance et de haut dĂ©dain de n'importe quelle adhĂ©sion Ă  ce qu'il ne lui plaisait pas de faire ni d'être. »

(…)

Si les Ailleurs ne sont pas des lieux spĂ©cifiques ou des moments privilĂ©giĂ©s, sont-ils quelque chose ou quelqu’un ?

S’il Ă©tait l’un ou l’autre, que seraient-ils ? Y aurait-il entre eux et en eux une forme de mimĂ©tisme et de magnĂ©tisme, comme une grande aptitude Ă  s’adapter Ă  l’œil et aux diffĂ©rentes reprĂ©sentations que nous pouvons nous en faire ?

Parce que les Ailleurs donnent Ă  penser et Ă  vivre surtout, malgrĂ© les noms divers que nous pouvons leur donner, ils sont au centre de nos prĂ©occupations ; ils nous attirent ou nous poussent toujours plus loin, plus profondĂ©ment… D’ailleurs ou par ailleurs, leurs chemins nous traversent et convergent en une force ascensionnelle qui rythme notre propre dĂ©veloppement.

(…)

Alors, en dehors d’un insondable mystère qui nous habite comme des inconnues,
Au delĂ  des signes qui vont de l’ « A noir » jusqu’Ă  « l'OmĂ©ga, rayon violet de Ses Yeux ! » Comment signifier les Ailleurs ?

- Par quelques Majuscules ou quelques pluriels, les dire ?

« Autour, dort un fouillis de meubles abrutis Dans des haillons de crasse et sur de sales ventres, Des escabeaux, crapauds Ă©tranges, sont blottis Aux coins noirs: des buffets ont des gueules de chantres Qu'entr'ouvre un sommeil plein d'horribles appĂ©tits. » (Accroupissements)

- Par quelques voyelles et tel effet de style, les souligner ?

« U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semĂ©s d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux » (Voyelles)

(...)

Ou par quelle autre balise les dĂ©signer, car depuis toujours, faute de « Sens », l’ailleurs se fait « Chair » et « Signe »

Au grand A des paradoxes, aux grands mots sans remèdes, les Ailleurs sont ici chez eux (dans le sens où ils participent « de » et « Ă  » notre incarnation), et ils nous octroient sans aucun doute la parole, rien que pour les mettre en je(ux) ; c’est pourquoi vous ne les trouverez pas dans cet ici-maintenant, mais que vous les percevrez peut-être dans l’Autre ici, le tout autre, tellement autre qu’il en est ailleurs lui aussi !

C’est pourquoi Arthur Rimbaud lui-même ne les a pas trouvĂ©s, ni Ă  Aden, ni Ă  Harar parce que les Ailleurs n’habitent pas plus l’Afrique que Charleville ; de même, il ne les a pas dĂ©couverts dans l’aventure et le nĂ©goce, parce que les Ailleurs ne relèvent pas d’un faire particulier, ils sont de l’ordre de l’être, c’est pourquoi les gosses Ă  peine nĂ©s les perçoivent dĂ©jĂ  dès le sein de la mère.

N’Ă©crivait-il pas en mai 1884, « Je me suis fort fatiguĂ© Ă  rouler le monde, sans rĂ©sultat. »

Mais c’est aussi pourquoi ils se trouvaient dĂ©jĂ  en lui bien avant tout voyage, en tant que pure intĂ©rioritĂ©, dans ses Illuminations et dans ses enfers, comme dans l’inspiration d’un Michel Ange, les intuitions d’un Archimède, les projets d’un Picasso, les pressentiments d’un Darwin ou d’un Newton. Ils Ă©taient lĂ , au cœur des hallucinations de Marseille, dans ses accès de colère et ses blasphèmes, lĂ  dans ses temps de dĂ©solation ou de contemplation, dans la douleur qui traverse le corps comme un Ă©clair, dans les choses extraordinaires que perçoivent les poètes moribonds et dans les douleurs fantĂ´mes d’un membre amputĂ©, dans les insomnies sans fin, dans les dĂ©fauts de l’âme, dans ce « rĂ©el cauchemar » que sa vie voyait dĂ©filer, lĂ  en dehors de la « forme mesquine » et « traditionnelle » que vĂ©hiculent nombre de poètes et de persiffleurs dĂ©noncĂ©s par lui en son temps. Au-delĂ  toujours, entre les lourdeurs de l’ici et l’apesanteur de l’au-delĂ  …

« Quelle âme est sans dĂ©faut ? » dit-il, « Et quel corps sans Ă©chardes ? »
Car la plume prend corps et âme pour « Des cavalcades insensĂ©es Ă  travers les abruptes montagnes du pays ».

(…)

L’Ailleurs est-il noir ou blanc, ou Ă -t-il la couleur sĂ©pia des photos d’autrefois ? noir ou blanc, certainement pas ! c’est troublant, il ne peut se satisfaire d’un dualisme fĂ©tide, il crie les pixels Ă  raison d’infini, polychromie sans fin des alchimies du rêve, au culte de l’ici, son infini rĂ©pond, depuis la prĂ©histoire, le temps n’a pas raison de son Ă©ternitĂ© et l’espace aucune emprise sur ces Ailleurs illimitĂ©s.

Ailleurs es-tu lĂ  ?

D’ailleurs, vous y trouverez ce que vous dĂ©sirez vraiment, il peut rendre l’invisible visible, par report ou par transfert, par projection et dĂ©calcomanie et par jeux de mots ou de miroir, il est notoire, qu’entre l’Être et le NĂ©ant les ailleurs se disposent et disposent de nous comme des fĂ©tus de paille ; ne cherchez pas leur altitude, leur longitude ou leur latitude, seules leur attitude et leur aptitude Ă  être autre chose peuvent vous convaincre qu’ils ne sont pas d’ici !

De mĂ©moire d’Ă©lĂ©phant, dans les contes et rĂ©cits, en science-fiction comme en tout le « merveilleux hĂ©roïque » ; les Ailleurs projettent en nous des rêves d’autre-part.
Selon l’angle de vue, appendice, arête, aspĂ©ritĂ©, avancĂ©e, avancement, balèvre, bec, bosse, bourrelet, la corne d’abondance, les corniches de l’horizon et coude du ciel, ils projettent en nous des crêtes de montagnes en Ă©minences nuageuses et en Ă©perons rocheux ; ils projettent leurs propres excroissances comme saillies charnues sur le bout des mĂ©ninges et leurs mamelons fermes comme poitrines bien moulĂ©es, des nerfs et des nervures Ă©nervĂ©es Ă  même nos sens aux abois ; ils prolongent notre corps pour que nos chairs continuent son chemin, telles ces formes gluantes et protubĂ©rantes qui nous suivent ou nous prĂ©cèdent et que l’on nomme par ignorance des ombres.

Dans le Livre des Morts peut-être ? mais dans Le Livre des records, personne n’a parcouru les Ailleurs de long en large ! nulle performance ne concerne ces Ailleurs lĂ©gendaires, mais peut être qu’un jour, un vĂ©lo sans roue, un tableau avec une pipe, une VĂ©nus sans bras… ont frĂ´lĂ©s l’ailleurs comme on frĂ´le la mort ?

On raconte, mais c’est Ailleurs, que les Ailleurs laissent derrière eux des portes entrouvertes, des issues de secours que l’on serait tentĂ© de fermer ici, mais qu’ailleurs on entrebâille comme un cœur de mystique ou de poète.

Oui, peut-être qu’une roue sans vĂ©lo ou une chaise sans pied, peut-être qu’un cadre sans tableau ou un bras sans DĂ©esse, connaissent mieux que quiconque ce « Manque » que les Ailleurs rĂ©vèlent.

Peut-être qu’une simple plume d’ange, Ă©crivant ses turpitudes, sur un Bateau ivre, dans le vent d’une soirĂ©e de pleine lune, après avoir Ă©tĂ© trempĂ©e dans l’encre tiède d’un poulpe tout collant d’affection …

« Mais, vrai, j'ai trop pleurĂ©! Les aubes sont navrantes, toute lune est atroce et tout soleil amer. L'âcre amour m'a gonflĂ© de torpeurs enivrantes. Oh! que ma quille Ă©clate! Oh! que j'aille Ă  la mer! »

L’Ailleurs comme l’Amour, le vide comme le trop-plein, l’Être comme le NĂ©ant, il faut les vivre ! il ne suffit pas d’exister pour cela, il faut encore en faire l’expĂ©rience, l’intĂ©rioriser, c'est-Ă -dire l’Ă©prouver et en prendre conscience, l’accepter pour s’y livrer enfin corps et âme, guidĂ© par l’Esprit, afin de les assumer jusqu'au-boutisme. Car l’Ailleurs relève de la fascination, comme l’intime et l’ultime. L’ensorcellement du Monde, c’est aux Ailleurs que nous le devons ! Ainsi, Arthur a toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par l’Inconnu et c’est lĂ  même dans cet espace sacrĂ© et ouvert que la voyance peut prendre le relais entre l’objet dĂ©sirĂ© et le sentiment même du dĂ©sir et du manque ; c’est lĂ  même que l’alchimie des Ailleurs dĂ©ploie ses tentacules, ses germes, son Ă©nergie, afin de transformer l’ici, tout comme le grain de KĂ©fir fait fermenter le lait des Ă©toiles.

Entre la Voie lactĂ©e et nous, cela fait beaucoup de conditions pour que filtrent les Ailleurs ! Beaucoup d’exigences pour Ă©prouver cette improbable traversĂ©e des mots en cet OcĂ©an des Autres parts ?

D’ailleurs, bien souvent les Ailleurs nous laissent « Sans paroles », comme ces tristes romances de Verlaine, « Dans l’interminable ennui de la plaine », entre la nuit froide des sens et la chaleur du dĂ©sert, lĂ  où « La neige incertaine luit comme du sable. »

Ou comme dans cette solitude des « Silences traversĂ©s des Mondes et des Anges » ou dans l’immobilitĂ© d’un « Silence astral », une sorte d’abandon dĂ©crit par le jeune Rimbaud.

(…)

Frères et sœurs de voyage, passagers et passagères des Ailleurs, comparons nos valeurs et croyances, car nous en avons tous ! Explicitons nos mots, repeignons nos balises, confrontons nos regards, ajustons nos diverses interprĂ©tations, mettons sur table, bien Ă  plat nos expĂ©riences de l’Ailleurs, nos dĂ©finitions et nos repères…

Entre le culte des veaux d’Or, sociaux et culturels, les rituels Vaudou et autres rituels quotidiens ; entre le langage des anges et celui des oiseaux ; entre les runes et les formules chamaniques ; entre le chakra du cœur et les pouvoirs de l’esprit, entre les Ă©tats modifiĂ© de consciences et l’inconscience caractĂ©risĂ©e, les Ailleurs font toujours rêver les Sapiens que nous sommes malgrĂ© nous, ils fascinent, obsèdent, ensorcellent. Mais heureusement l’entre reste l’antre du rêve et de l’espĂ©rance.

Ainsi soit-il, entre les oracle pour le siècle, la fin des temps, le monde subtils, l’aura de ma sœur et les pensĂ©es magiques de mon fils, l’alchimie et la Kabale, le saint Graal, l’Atlantide ou le secret des Aztèques, le trĂ©sor des Templiers, les champs Akashique, la mĂ©ta mĂ©decine ou les mĂ©decins de ciel, les Ailleurs dĂ©ploient leurs possibles.

Entre les mondes et les mĂ©decines parallèles, entre les vies antĂ©rieures et les expĂ©riences aux limites de la vie ou de la mort ; entre les drogues et les jeux… Les Ailleurs toujours nous emportent, il nous obsèdent ou nous ensorcellent.

Quand le doute se fait chair, quand le rĂ©el devient signes, les Ailleurs questionnent l’humain plus qu’ils ne rĂ©pondent vraiment Ă  nos prĂ©occupations ou qu’ils ne rĂ©solvent quoi que ce soit, mais ils sont lĂ , c’est important, vital, laissant une laisse de rêve ou d’imaginaire entre la plage trop sèche et l’ocĂ©an trop humide.

Entre l’astrologie et le sport, les sciences et la littĂ©rature, la politique et l’Ă©conomie, les religions et le travail, la passion d’un collectionneur ou celle d’un amant insatiable ; entre les dieux et les hommes, les bêtes et les objets, les êtres extra-terrestres et les fantĂ´mes extra-cĂ©lestes, oui, cherchez-le cet Ailleurs et vous vivrez Ă©ternellement !

Quoi que l’on en dise, l’image mentale des Ailleurs fascine l’humanitĂ© depuis toujours ! Contenant de nos rêves plus que contenu, l’Image s’ouvre en tous les sens.

Dans la folie comme dans le gĂ©nie, cette image mentale des Ailleurs toujours possibles s’empare de nous. Elle attire comme la lumière charme le papillon volage, elle captive l’enfant comme le vieillard gâteux ; elle aimante Terre et Lunes ; elle prend chair ou bien se mĂ©tamorphose en esprits indociles, nous invitant par lĂ  même Ă  une Ă©chappĂ©e toujours nouvelle.

Comme dans un rêve, certains disent que c’est d’ailleurs les Ailleurs qui nous font survivre au jour le jour Ă  notre condition d’humain, qui dĂ©posent l’espĂ©rance en nos urnes trop vides. Il est indĂ©niable que les parties d’ailleurs sont d’ailleurs sans lendemain, car le tout de l’Ailleurs est bien plus que la somme de tout.

Gomme ton moi Ă  la gomme des jours et l’Ailleurs surgira comme une Ă©trange marionnette ! Cette rencontre, ce coup de cœur avec les Ailleurs, nait toujours d’une pĂ©rĂ©grination ; d’ailleurs, entre ciel et terre, l’Ailleurs est pavĂ© de bonnes intuitions qui nous font suivre ses chemins pluriels ! Mais, le vĂ©ritable dĂ©fi des Ailleurs reste en nous, comme une quête, un pèlerinage, une croisade ou une guerre sainte, c’est la conquête de soi-même !

(…)

Pour nourrir mes Ailleurs comme pour apprivoiser les petits oiseaux, je lance des mots et des images ; je jette des miettes de parole, des fragments de phrases, des bouts de poĂ©sie… comme ça ! afin qu’ils viennent Ă  moi pour que je m’ouvre Ă  eux dans une inconfusible unitĂ©, que nous puissions nous confier l’un Ă  l’autre, nous mĂ©langer sans nous confondre comme dans l’amour vĂ©ritable, afin de nous rassasier de sens.

Car, seuls les gens, les messages, les paroles ou les couleurs qui viennent d’Ailleurs peuvent Ă©largir mes horizons, briser les barreaux de mes convictions, rĂ©duire mes croyances Ă  rien, et porter enfin du fruit au delĂ  de ma petite rĂ©alitĂ© profane.

Comme en toute gestation, paradoxalement, l’Ailleurs dit l’omniprĂ©sence d’une absence ou la prĂ©sence douloureuse d’un manque, c’est pourquoi, par nos chemins de traverse respectifs, on entre en Ailleurs comme en religion !

(…)

Un grand gouffre, un abĂ®me vĂ©ritable ont Ă©tĂ© mis entre le Ciel et la terre, entre la torture et la jouissance, entre l’inquiĂ©tude et la quiĂ©tude, c’est la terre du milieu, pour qu’entre les extrêmes nous puissions tisser la vie. C’est lĂ  que les Ailleurs font leur Ă©ternelle navette ; mais trop souvent, dans les Ailleurs l’homme s’Ă©gare comme dans un labyrinthe profond, sans fil conducteur, et même si les Ailleurs sont pavĂ© de bonnes intuitions, ils deviennent malgrĂ© eux bien trop souvent des pièges et des lieux d’enfermement.

L’Ailleurs est donc un appel, comme un cri dans la tête, une colonne de feu dans la nuit ou une nuĂ©e en plein jour ; tels un buisson ardent, un Ă©cho brulant, un murmure qui adouci les plaies les plus vives, comme un doux murmure, un ruissellement d’une source en nous même, « Mais c’est dans la nuit » bien souvent que l’Ailleurs se montre et s’Ă©prouve, comme le criait Jean de la Croix, au croisement du Ciel et de la Terre, Ă  l’entrecroise de l’extĂ©rieur et de l’intĂ©rioritĂ© ; dans ce purgatoire entre la part Ă  dire et l’enfermement, la logorrhĂ©e et le silence total ; dans l’entre-deux, toujours prĂ©sent.

L’homme est fondamentalement un être appelĂ© a ce juste milieu des choses, des êtres et des causes, puisqu’il devient sans cesse, en haut et en avant, en dedans parallèlement qu’au dehors. Vivre, c’est rĂ©pondre Ă  cet appel des Ailleurs, c’est prendre part au purgatoire, c’est s’infiltrer dans cet angle mort entres les extrêmes mortifères, les multiples contraintes de l’existence et la libertĂ© d’être nous-mêmes et d’agir inconditionnellement, en dehors des modalitĂ©s de la vie naturelle et culturelle.

Entre la pesanteur des causes et l’apesanteur des grâces, il nous faut croire, espĂ©rer, avancer toujours…

Dans cet entre-deux, entre les forces contraignantes d’ici-bas et les formes ensorcelantes des Ailleurs, il nous faut mettre haut la vie comme il nous faut mettre bas la vie. Oui, frères humains, l’Ailleurs est un espace Ă  louer où mettre haut et bas la vie.

(…)


Connaissez-vous le jeu de Pigeon vole ?

Pour cela j’ai besoin de vous, de votre patience, de votre indulgence et bien sûr de votre lecture, car l’enjeu du jeu en vaut la chandelle puisqu’il met en scène du Je et du Tu, et que pour cela il est nĂ©cessaire d'être plusieurs !

Je vous invite Ă  lever la main si l’objet ou le sujet de mes prĂ©occupations vole effectivement, si vous vous trompez, rassurez-vous, vous ne trompez que vous-mêmes ! ce qui vous entraĂ®ne quand même Ă  quelque gage qui n’engage Ă  rien puisque ici-bas tout est dĂ©risoire et sans valeur aucune !

Tout en sachant bien que voler n’est pas bien, et que certaines choses qui au premier abord ne volent pas, comme les Anges du ciel et les pensĂ©es printanières, peuvent malgrĂ© tout, par miracle ou par mirage, voler quand même au secours des plus nĂ©cessiteux d’entre nous !

Dans le ciel gris de Liège, j’observe avec attention et d’Ă©motion, ces envolĂ©es frĂ©tillantes de pigeons au-dessus de la Place Saint-Lambert. Je me sens comme emportĂ© par eux dans un même Ă©lan et une sorte d’alliance des esprits animaux; et en même temps, je me sens libre de voler de mes propres ailes, de tenir ma plume d’une main gauche, de tirer le trait et de tracer ma libre sigillaire dans le sens de mes mĂ©taphores.

Je ne suis pas le pigeon que vous croyez, mais un autre que vous ne soupçonnez même pas !

De ces milliers d’oiseaux qui semblent voler d’un commun accord comme un seul corps de ballet aĂ©rien, chacun a son libre arbitre, chacun reste lui-même avec sa conscience propre, son espace de Je(u).

Sont-ils portĂ©s pas une joie profonde ou par un vague Ă  l’âme ? sont-ils soutenus ou enlevĂ©s par les pensĂ©es ascendantes des habitants de la ville, par des vents tièdes ou part quelques accidents ou incidents de la nature, comme portĂ©s par les âmes vagabondes de ceux qui pĂ©rirent ou pĂ©riront encore et toujours en ces lieux intemporels de misère et de jubilation ?

Qui sait vraiment ce qui porte l'oiseau, et ce que porte le cœur d’un oiseau ?

(...)

LES AILLEURS (extraits)
Approche phénoménologique
à travers un itinéraire rimbaldien.

Les Ailleurs illustrés sur Facebook
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