de chaque petit moment jaillissent l’éternité et le dérisoire j’étais sorti de l’histoire les personnages me cherchaient à travers des paraboles dans la chambre des cartes j’errais parmi les manuscrits le navire laissé à la dérive avance vers la rive les discussions fatigantes où juste par hasard quelque chose avait du sens étaient de plus en plus nombreuses le soir venu quelque part vers le cap de bonne-espérance une île

le vieux disait que cette île n’existe nulle part sur la carte il s’annonce une forte tempête en mer une foudre à la proue sombre le bateau dans le noir une grosse secousse venue comme l’écho d’un long tonnerre met le monde en fuite on lance dans l’eau des canots de sauvetage c’est le début d’une histoire qui se multiplie et lève pareil au pain chaud que je mangeais dans mon enfance ressemblant à une scène touchée par le passé au grondement de l’orage tu trouves de nouveau le début et dans les ténèbres de la lumière le chant se heurte contre la vague


Constanța, le 28 juin 2009


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d’après "insula de mâine" (naufragiu), de Ioan-Mircea Popovici