Un matin, le soleil d'été

Inonde de ses rayons, les blés.

Aux côtés du Vulpin des prés,

De la Ray Grass, de l'Avoine ;

Le grand Coquelicot rouge pavane.

Au milieu des fourriers d'été.

Tes sépales tombés, ton bouton

Se déplie et naît tout froissé

Pareil à du papier crépon

Qu'un enfant aurait façonné.

Fière cocarde dans les graminés,

Grande fleur écarlate, maculée

De bleu noir. Plante au suc laiteux

Tes pétales doux attiédis

Sont les radieux paradis

Des coccinelles "bêtes à bon dieu".

Rouges à pois noirs, elles se marient

Aux carmins, pourpres et rubis ;

Tous les grenats luisent en elle,

Tout l'été près de la Crételle,

Des géraniums, des Chicorées

Sauvages, de la Fléole des prés.

Pavot, Papaver Rhoeas,

Ta fleur est pour le Canada

Symbole du souvenir aussi.

Tu saignes Coquelicot par Prévert :

"Au champ d'honneur près de l'ami

A la robe d'azur le Bleuet".

Dans l'ancienne Egypte tu es

Fleur d'ornement funéraire.

Perséphone, fille de Fémeter

Prise par Hadès dieu des enfers

Marque son retour tous les ans

Pendant six mois sur la Terre ;

Fleurissant alors tous nos champs.

Pour l'amour de son tendre père.

Elle rappelle par ses fleurs de feu

L'oubli des peines, cadeau des dieux.

Plante médicinale antique,

Pour tes substances narcotiques.

Pourtant qui a-t-il de plus beau

Qu'un champ d'or aux coquelicots ?

Enfant, on te chantait tout haut

"En descendant dans mon jardin

pour y cueillir du Romarin,

Gentil Coquelicot nouveau"...

Et que tu sois au creux d'un mur

Ou envahissant les blés murs,

Tu restes joli Coquelicot

De nos campagnes,le plus beau.