À Pierre Beauregard, mon beau-frère, 1950-2025



-Ô mon grand Capitaine,
Tu t’en vas où comme ça ?
Aux îles Marquises ou aux îles de Sorel ?
-Mon cher Poète, ni l’une ni l’autre destination !
-Ah bon, tu pointes alors vers le grand large,
vers le golfe du Saint-Laurent et l’île d’Anticosti ?
-Pas tout à fait. Beaucoup plus loin encore !
-Well, là tu m’intrigues bien gros.
Qui sait, tu vogues vers les Açores ou les îles Canaries ?
-Non, vraiment tu es encore dans le champ.
Cesse de te torturer,
Je vais te donner un indice.
-Je t’écoute mon beau Capitaine.
Je suis tout huis et toutes oreilles !

Silence

Les secondes, minutes et heures s’égrènent…
Toujours pas de réponse…
Les jours, semaines et mois s’entassent…
Toujours en attente…

-Mais tu es passé où mon beau Capitaine ?
-Mon cher Poète, je suis enfin arrivé !
-Ah bon !? Et après tout ce temps-là ? Dis-moi donc où ?
-Devine, toi le voyant des temps modernes.
-Voyant ? Voyant ? Voyant ?
Voyons donc mon presque frère !
Je donne ma langue au chat !
Please, dis-le-moi !
-J’ai accosté sur les rives de la Mer Éternité
et ici nul besoin d’avoir un bateau pour aller où bon nous semble !
Tel l’albatros ou le pétrel,
il nous suffit d’un battement d’ailes pour planer à l’infini
sur les flots bleus, roses et émeraude !
-En somme, tu es au Paradis.
-Non, non et non, mon cher Poète,
c’est mieux que le Paradis !
Libre, translucide, léger et heureux,
je suis la goutte d’eau dissoute
dans les nuages, les mers et les océans !
-Et les étoiles alors ?
-Bien sûr, les étoiles de mer !

Silence

Les années, siècles et millénaires passent
et on entend toujours le roulis des vagues de la mer.
Les songes, rêves et visions m’ensorcellent
et je te vois et revois encore et toujours.

Ô mon grand Capitaine stellaire !
Tu surfes sur la queue des comètes !
Tu clignotes sur les aurores boréales !
Tu valses sur la piste de la Voie Lactée !
Tel le Petit Prince, toi mon beau Capitaine stellaire,
tu voltiges entre les étoiles,
mon bel Oiseau de Lumière !
Tu es un clair de lune et un lever de soleil !
Tu es l’arc-en-ciel radieux qui ceinture la terre et le ciel !
Je ferme les yeux et ouvre mon cœur
et je te vois partout, partout, partout,
toi mon beau Capitaine !

Une voix qui brise le silence sidéral et me murmure

-Mon cher Poète, je savais que tu viendrais à ma rencontre !
Tu as tout deviné !
Je suis partout, partout, partout !
Libre, translucide et lumineux,
je suis le rayon du soleil,
la lueur de la lune,
la brillance des étoiles
la gouttelette de la Mer Éternité !

Puis retour au Grand Silence Blanc

Mais dans ma tête,
j’entends toujours clairement
haut et fort,
ta voix chaude et calmante,
toi mon beau Capitaine !
Tu as mil fois raison !
Tu es toujours là avec nous,
en nous,
pour nous
puisque tu es partout, partout, partout !

17 février 2025, Longueuil