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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-05-30 | [This text should be read in francais] |
TRIPTYQUE DE VAGUE
Recueil dâĂ©cumes Recueil dâĂ©cumes comme un retable, comme un ouvrage de peinture ou dâaquarelle, avec le Le Ciel, La Mer et la Terre qui se dĂ©veloppent comme un panneau central et ses deux volets mobiles qui sâarticulent sur le premier en le recouvrant exactement. CONFLUENCE Volet gauche â la Terre MarĂ©e basse, Je plonge dans la vague, Je rentre chez moi. Mon entrĂ©e est pleine de sable chaud, Encore tout dorĂ© des rĂȘves de la nuit. Au porte manteau, du varech toujours humide Des saillies de lâaurore. Au salon, la vague dĂ©roule son tapis, Coquillages des chairs qui se donnent A voir. Entre le lit des golfes, Aux fonds de galets blancs, et La table de mes chevets enchevĂȘtrĂ©e, Gisent, les reliquats des nausĂ©es nocturnes. Sur mon bureau, un sang dâencre Attend la confluence, Pour Ă©crire toute la nuit, Les fluxions ocĂ©anes. Le Cosmos tout entier, Est un ocĂ©an de vagues et de symboles. Sur le parquet, Les restes des nuits blanches, Toutes perturbĂ©es des Ă©treintes, Des marins et des chercheurs de Sens. Dans un silence, meublĂ© de mots pleins, Un horizon au-delĂ de la cuisine, Oratoire des grands contemplatifs. DerriĂšre, Ă lâombre des rideaux, Le laboratoire des poĂštes et des alchimistes, Pour Ă©crire, Ă fendre les feuilles blanches, Et tout rĂ©capituler, mot Ă mot, Par, avec et dans le Verbe. Les vagues de la vie, successives, dĂ©pressives, Excessives, rĂ©pressives, irrĂ©sistibles ⊠fluent Et rĂ©alisent le projet de nos rĂȘves, Soutiennent Ă fleur dâeau, arc de La Parole tendue, comme Ă©rection. Et moi, je pleure le grand large, Les yeux, pĂ©tulance des sels, Comme pleins dâexubĂ©rantes ardeurs, ZĂšle des noyĂ©s, vivacitĂ© des grands nageurs. Le vent souffle fort dans la salle Ă manger, Il y a de gros nuages au plafond. Je sors sur la terrasse pour prendre lâair Un peu, Ă pleines vagues, illumination, bruine, Chez moi, comme dehors, il pleut comme des retombĂ©es, Marines. Retour violent des vagues sur elles-mĂȘmes, Lorsque les pensĂ©es sont frappĂ©es, Contre lâobstacle des rĂ©tines. Les ressacs de la pleine mer, fluent, Dans les anfractuositĂ©s de mon appartement. Ils Ă©crivent par le dĂ©ferlement des mots, Comme des vagues nues, qui montent jusque mon lit. La baignoire nâest pas pleine, du sang salĂ© des poĂštes, Aux grandes saignĂ©es des grandes marĂ©es, La plume nâest pas lĂ pour Ă©couler les veines. ROULEAUX DâECUMES Volet central â La Mer Connaissez-vous les saillies de la nuit, Ces cauchemars humides qui vous trempent le lit ? Rouleaux dâĂ©cumes comme des compresseurs, Qui angoissent lâoreiller au bord des draps mouillĂ©s, RoulĂ©-boulĂ© des vagues qui ne cessent de tomber, En se roulant sur nous, en boule comme de peur, Connaissez-vous bien, ces grands rouleaux dâĂ©cumes, Qui, bobines bavantes, nous roulent Sur nous-mĂȘmes, et rouillent nos regard ? Si vous ne savez pas, les saillies de la nuit, Alors nagez, bougez, sortez, et puis vaguez ⊠AĂ©rez-vous de balades mouillĂ©es. Cocooning de flots bleus, de silence, de prĂ©sence, Pour ĂȘtre lĂ , au bon endroit, quand la marĂ©e remonte. La vague roule des pelles aux corniches crayeuses, Aux saillies naturelles surplombant nos regards. Escarpement des sens et chemins de traverse, Que le poĂšte prend pour monter aux Ă -pic, Dâune Ă©criture lourde en sel, Et en intuitions moites. Chemins dâĂ©critures, qui surplombent les feuilles, OĂč sâĂ©crivent lâimpossible et lâinconnaissance. Comme aux confluents de plusieurs inconnues, LĂ oĂč deux cours dâeaux, se mĂ©langent en nos bouches, Pour parler de la vie, et nous dire la mort ; LĂ oĂč deux sources, sâorigines et se finissent ; LĂ oĂč ciel et terre, enfer et paradis se rejoignent, Au seuil des purgatoires. Comme Ă la fine pointe, au sud dâune lointaine Sicile, Flux, reflux, fluxions des eaux entre passion et Passion, Dâun Verbe qui se meurt pour nous tous. Souffrance Ă mĂȘme la plage, oĂč les croix poussent Droites, comme pousse les arbres. Pointes de terres et de chairs au confluent de deux cours d'eau, Qui jaillissent du jardin dâEden, Qui sorte de dessous le trĂŽne, et De dessous le Temple, sâĂ©claboussent de vie. 365 jours de flux, la mer va porter plainte, Pour le jour de trop, qui fait dĂ©border la vague, Elle va porter nos plaintes, Au-delĂ des lointains horizons. 365 jours de marĂ©es bissextiles PortĂ©es tous les quatre ans, Aux biceps des vents. Rouleaux dâĂ©cumes Ă bobines savantes, Au style austĂšre, comme rouleaux de pierres Romanes, au seuil des couvents. Les ondes des bĂ©nĂ©dictions marines, Hostiles au feu de Saint-Elme, Oscillent comme berce mon cĆur, NausĂ©e, au grand mal de la mer. NausĂ©euses, pissantes, jutantes, purifiantes, Lourdes et coulantes aux gargouilles des falaises, Toutes fouettĂ©es de lames violentes. Comme saignantes des fluxions de la nuit, Grandes menstrues au sommet des flots. Suppurantes, fluantes et refluantes, Du flot de nos humeurs, SâĂ©gouttant aux replis de lâespĂ©rance, DĂ©gouttant aux saillies de la foi Filtrant lâAmour de toute part. Bandes enroulĂ©es dâeau de formes vivantes, Comme sirĂšne des parchemins Ă©crits Ă lâencre de la vague, SirĂšne de papiers, SirĂšne de tissus, comme sâouvrent Les voiles pour dĂ©voiler le jour. Au bout du rouleau, la vague se dĂ©fait, Ne n'avoir rien Ă dire, elle se nourrie dâĂ©chos Ă la fin de sa vie, elle repart de plus belle. Comme cheveux enroulĂ©s aux bigoudis des eaux, LâEsprit de la vague, dĂ©ferle sur les plages, Ă rechercher La GrĂące, pour se vĂȘtir de vents. DE MĂMOIRE DâEAU, DE MĂMOIRE VIVE Volet droit â Le Ciel « O vous tous qui ĂȘtes assoiffĂ©s, venez vers les eaux ⊠Venez et buvez » Le prophĂšte IsaĂŻe Traumas, blessures, dĂ©faites, Ă©checs, DĂ©gĂąts, sĂ©vices et meurtrissures, Les mots sâen prennent aux maux, La vague alimente la dĂ©votion au Verbe, Pour dire lâindicible qui jaillie de partout, Au cĆur de la matiĂšre, de nos souffrances, Comme aux sommets des flots. Il y a une voie dâeau dans ma tĂȘte de mousse, Une voix dâeau qui me dicte le chemin, Chaman comme chĂąssis dâeaux, salĂ©es, Pour encadrer la vie au quatre horizons. Le Verbe est mon Messies, mon Sauveur Le Verbe invite les siens, Ă boire Ă sa source, Ă se nourrir de sa Parole de Vie. Ainsi au contact du Verbe fait chair, Le poĂšte est assailli de flash dâeaux, De question sans rĂ©ponses, Et de mots sans dessus dessous. Voyez-vous aussi, les vagues galoper nues, Le long des parkings, oĂč dorment les bateaux ? Neptune, savait-il le goĂ»t salĂ© des baisers ? « Maman, je joue lĂ ! » crie lâenfant, EmportĂ© par la vague, au pays des solutions Sans question, entre Ciel et Terre, JE, JOUE, lĂ , LâEnjeu, Avec le profond dĂ©sir de vider la mer de son contenu. La dynamique des fluides comporte quelques plouf. Bienvenue sur la plage, La mixitĂ© des coquillages est non seulement acceptĂ©e, Elle est mĂȘme requise, comme lâUnitĂ©, Et lâaltĂ©ritĂ© des vagues. Jâai essayĂ© de me vĂȘtir de vagues Ă la bonne taille, Mais tout me va Ă vau-l'eau. Ă travail Ă©gal, les vagues sâĂ©galent, Car entre vagues, la solidaritĂ© câest capital, Les unes soutiennent les autres. La mer me paie en liquides Toutes mes annĂ©es dâaustĂ©ritĂ©s. La vie est offerte, Satisfait ou remboursĂ©, La baignade est ouverte sur lâInfini. Quand je mets des mots sur la vie, Quand jâĂ©cris les maux de la vie, Câest le Verbe que je glorifie. Laissez-moi pleurer Ă chaudes vagues, Comme lâAmour sature le Monde, Mon regard est saturĂ© de sels. Sur les plages dĂ©nudĂ©es des algues de la nuit, Les yeux pleins de coquillages, Les enfants enterrent leurs cauchemars, Au plus profond des sables. Entre deux eaux, les Anges, La plume humide de compassion, SâĂ©claboussent des larmes des noyĂ©s. LâEsprit et le VERBE se baignent Du mĂȘme REEL, cĆur Ă cĆur, Piscine bleue du PĂšre. Aujourdâhui mĂȘme, sur la plage, Je nâai pas coupĂ© mon tĂ©lĂ©phone portable, Afin de pouvoir recevoir des messages Du Tout autre Ou de lâau-delĂ . Roland REUMOND |
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