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CHIEN D\'AVRIL
poetry [ ]
LETTRE A FRANKLIN, mon chienpathique voisin

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by [Reumond ]

2009-04-01  | [This text should be read in francais]    | 




LETTRE A FRANKLIN, mon chienpathique voisin

Cher Franklin,

Je sais par expérience que tu ne supportes pas le piano, et que toutes ces touches « en os » ça te donne des migraines épouvantables, même que tu en rêves la nuit, surtout les soirs de pleine lune quand les pianos sont pleins de cauchemars, de spectres et de monstres nocturnes.
Tu aurais sans doute préféré un piano à queue, pour avoir au moins un point commun avec lui, ou même un demi-queue, pire un quart de queue, tu n’es pas chien du tout ! Au moins, les PC, GSM et autres GPS ont « des puces » mais cette chienne de vie t’a donné ce compagnon de bois vermoulu, ce mammifère plein d’octaves, même pas carnivore, tout juste né de l’union illégitime d’un clavecin et d’un buffet. Oui, même pas un piano errant, ni méchant, ni perdu, ni trouvé dans une cage de la Société Protectrice des Pianos… Si tu es le meilleur ami de l'homme, celui-là n’est que l’ennemi de l’oreille ! Tout juste bon à glapir quelques notes, des bémols qui hurlent à la mort, devant ses partitions en guise de pâtée.
Si au moins ta maîtresse savait que tu ronges ton os à te nécroser la niche, en pensant au beau couffin que tu pourrais mettre à la place de ce panier à notes, lui qui occupe sans vergogne tout un pan de mur où tu ne peux même pas pisser !
Tu aimerais le mordre dans les pieds, le foutre aux encombrants, à la fourrière, en sourdine t’en branler en chien de fusil, lui qui, même s’il joue de mauvaises « ballades » n’est même pas foutu de te sortir pour te promener modérato cantabile, afin de respirer la vie, flairer la ville à pleines dents et te faire une petite meute entre amis !
Le chien !!!
Lui qui n’est pas assez dégourdi pour t’écrire une petite « Lettre à Marie-Louise », un opéra bouffe, une fugue, un concerto pour Médor, une première symphonie pour Chiens et orchestre, une comédie musicale …
Le lâche !!!
Ce chien d'appartement est vraiment un gibier de potence ! Un bout de boit sans pédigrée aucun (pas la moindre pianoblesse en lui), il est de la race des bahuts, une double pédale, un obsédé du métronome, un désaxé complètement désaccordé du placard ; oui pauvre Franklin, un instrument de Satan, un bavard des basses et des aigus, complètement marteaux, avec son clavier plein de touches, tout juste incapable de dresser la patte et de prendre la garde-robe en levrette. Un nul, un ratier de studio, d’ailleurs, la ville de Liège, n’en voudrait pas, demande à Marie-Louise !
C’est un orgueilleux, de la famille tordue des pianos droits, qui passe ton tempo à se mirer dans son vernis, à claquer du couvercle et à se prendre pour « le chien de faïence » de la maison, lui qui n’est même pas bâtard, le piano-piano à sa mémé, même Mananga n’en jouerait pas pour tout l’or du monde ! Même Nanyi ou Yala n’en voudraient pas comme ami !
Pauvre voisin, depuis des années tu écrases, mais je comprends, je peux entendre ce que tu éprouves (un vrai mal de chien) à voir cette chose-là dans tes pattes ! Pour un mec comme toi, c’est un vrai supplice. Mais rassure-toi, je viens, j’arrive à ton secours !
D’ailleurs, ne dit-on pas « qui veut noyer son chien l'accuse de jouer du piano la nuit » ; ou encore : « quand les pianos crient, les chiens se font la malle». Oui si tu voulais fuguer à sa place, je comprendrais !
Si un jour tu veux vraiment te débarrasser de cet objet encombrant, sache que tu as un gentil voisin, plein de bonnes intentions, prêt à adopter ce piano pour t’en débarrasser illico prestissimo, par exemple pour ton anniversaire, en septembre, ou même avant si tu veux ?
À ta santé, Franklin, et pour ton plus grand plaisir, je le traiterais « comme un piano » sans égard ni pitié pour son grand âge.
C’est vrai que j’ai toujours rêvé d’avoir un piano sous la main, pour lui en faire voir de toutes les harmonies. Même si les voisins jazz, quitte à le transformer en piano-bar pour mon plus grand bonheur.
En te remerciant par avance, un franc clin d’œil, en ce premier avril.

Merci qui ?

Merci Roland !


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