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sur la page qui s\'ouvre
prose [ ]

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by [erableamots ]

2005-01-29  | [This text should be read in francais]    | 



SUR LA PAGE QUI S’OUVRE




Sur la page qui s’ouvre mes mots prolongent le moineau, la montagne et la mer. Il me faudra voler, grimper, nager dans la mémoire des éléments. Je zappe à l’imparfait du cœur entre les yeux de l’araignée. Il y en a qui font naufrage par amour des coquillages. Il y en a qui nagent en pensant s’envoler. Je cherche le pollen comme une abeille sur une fleur. Je trie les mots comme des pommes. Je les rédige pour que la page les digère. Je suis le messager sans message à porter que son propre désir.

Sur la page qui s’ouvre je cherche celle où je suis né. J’assaisonne l’espace d’un geste de voyelle. Je parfume le temps d’un zeste de parole. Assis sur la mémoire, je trempe dans l’oubli les bras de l’espérance. J’y repêche des rires entre les souvenirs, le poisson du remords, une sorte de pleur en forme de coquille. Je ne cherche plus le nom des fleurs ou des oiseaux. J’attends que le jardin me nomme, que le ciel m’appelle dans une langue inconnue.

Sur la page qui s’ouvre je ne compte plus les rides. Je redresse la tige des plantes qui ont peur. Un mur sur chaque épaule, je cherche une fenêtre pour alléger la route. Au cœur de chaque mot, de consonne en consonne, je poursuis l’infini. Au bord de la matière, de l’atome à la tombe, j’invente des rivages au fleuve qui se noie.

Sur la page qui s’ouvre j’inviterai le doute, les restes du silence et les fruits défendus. J’écrirai sur les fils en alphabet d’oiseaux. Sur le clavier du cœur je taperai du doigt le morse des insectes. Une foule tout entière se presse dans ma voix. On se bouscule sous ma peau. On piétine mes pas au fond de mes souliers. Je n’écris jamais rien, je prends les mots des autres pour les mettre en images. J’agrandis les voyelles pour en faire un puzzle. Je découpe des yeux dans le blanc de mémoire.

Sur la page qui s’ouvre je voyage à l’envers. Les doigts précèdent la parole. La pensée fait des bonds des étoiles aux termites. Je prends le bruit des choses pour les mettre en musique, le pouls des galaxies sur l’aile des papillons. Quelqu’un marche dans ma tête et cherche les bougies. Il faut trier les pommes reniant leurs pépins, peler celles qui doutent. Même le pain parfois engueule sa farine. Je suis le passager sans carte ni boussole. J’apprends par ignorance ce que savent les pierres. Je me confesse à l’horizon comme un soleil aveugle.

Sur la page qui s’ouvre mes mots viennent se cogner à des lèvres nouvelles. Sur les mêmes images les yeux se prennent par la main, les couleurs se marient. Il y a de petits mots vêtus de majuscules et de grands mots qui bêlent sans connaître la laine. Quand les mots sont trop jeunes, il faut changer leurs couches, faire entendre une berceuse aux nuages en colère, faire entendre le rêve aux écrous des moteurs, faire voir aux écrans la pupille des yeux. Le squelette du temps change de peau chaque jour.

Sur la page qui s’ouvre j’ai un œil qui court de la nuque au poumon, un autre qui trébuche de la cave au grenier. Je pousse le canot du doute sur le sommeil des rivières, un mot qui cherche un son dans la forêt muette, un son qui cherche un sens sous la poussière sémantique. La mer allume ses méduses comme le ciel ses étoiles. Il y a entre les deux un langage qu’on ne peut pas traduire sans en briser le charme. C’est à nous de fleurir pour comprendre la terre. C’est à nous de creuser pour savoir qui nous sommes. C’est à nous de voler dans l’œil latéral d’un oiseau. Le verbe se conjugue au remords, à l’oubli. Il se conjugue aussi au soleil et aux fleurs. L’encre se fait chair avec le mot caresse. Elle parfume la page sous le nom des épices.

15 janvier 2005

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