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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-08-17 | [This text should be read in francais] |
Depuis quand n’avait-il pas chanté, le matin, sous la douche ? Avant de quitter la chambre, il dépose, sur ses épaules, le pull, marine et blanc, qu’elle préfère. Il sait qu’il reviendra, un peu plus tard, dans cette chambre avec vue sur le jardin d’hiver. D’excellente humeur, il remet la clef à la réception de l’hôtel.
La journée s’annonce féerique. Il regarde le ciel prometteur, le soleil éclatant, la luminosité presque irréelle. Et il marche, heureux. Tout lui semble possible. La rue Saint-Louis-en-l’Ile se prépare tranquillement, se maquille pour l’accueillir, elle. Les échoppes s’ouvrent, telles des fenêtres sur des mystères. Il passe devant « Le monde des chimères » où il a dîné, la veille, d’huîtres de pleine mer et de jambon de San Daniele. A l’occasion d’un autre séjour, il lui fera découvrir ce restaurant étoilé. Le cœur léger, Franck va à son rendez-vous, traverse le pont, vaste, où souffle un agréable soupçon de vent du large. Le fleuve, majestueux, invite à la rêverie au long cours. Les bateaux-mouches, les péniches paressent, les mariniers musardent. Il pénètre dans le petit square, paradis des pigeons. Le printemps propose ses flacons de lilas, ses fioles de seringas et, sous un antique réverbère, un banc attend les amoureux de Peynet. Tandis que des cristaux d’orfèvrerie s’éparpillent sur la vie, il croise un groupe de Japonais profondément hypnotisés par leur guide. Auprès du parvis de Notre-Dame, un artiste peintre de talent expose ses aquarelles immortalisant la poésie des bouquinistes, des quais de Seine, du marché aux oiseaux, du pont Mirabeau. Il apprécie tout ! La magistrale et accueillante cathédrale, avec ses tours de fausses jumelles, ses gargouilles d’où surgissent le rire d’Esméralda, l’âme de Victor Hugo, le fascine. C’est alors que leurs yeux se croisent… L’espace d’un battement de cœur, d’un tremblement de cil, leur destin se gomme ou se dessine… Après l’avoir embrassée, ému, il la regarde, la regarde… - « A quoi as-tu pensé dans le métro ? », demande-t-il en lui prenant le bras. - « A rien, à rien », répond-t-elle. Décidément ! A chaque fois qu’il la rencontre à Paris, il la trouve moins jolie. Cette ville ne lui convient pas. Ses cheveux d’algue brune sont moins soignés que d’habitude. Mais elle était si belle, si émouvante, la première fois, en Touraine. Et puis, derrière ses lunettes, son regard semble toujours aussi fou, aussi troublant. - « Ne me regarde pas comme cela. Ne me regarde pas comme cela », répète-t-elle. Devant le chevalet de l’aquarelliste, la magnificence de Notre-Dame, la patine des pierres chargées d’Histoire, elle ne s’extasie pas. Du reste, elle se moque bien de la peinture à l’eau, des gargouilles et de Quasimodo ! - « Enlève tes lunettes de soleil », quémande-t-il tendrement. Avec lui, elle passe son temps à ôter et remettre ses lunettes de soleil ! Respire-t-elle la fragrance des seringas, l’effluve des lilas ? Il lui propose de s’asseoir, un moment, sur le banc des amoureux. Ils sont là tous les deux, si proches l’un de l’autre, ou peut-être si éloignés, dans ce jardin inondé de soleil. Lorsqu’elle allume une cigarette, il s’inquiète. - « Si je fume, c’est que je suis bien », explique-t-elle. - « Supposons qu’un magicien puisse, immédiatement, satisfaire un de tes désirs, lequel choisirais-tu ? ». - « Un voyage à Prague avec mes enfants ». Il tente d’oublier cette possibilité de voyage en Bohême. Sarah farfouille dans son sac, prend une autre cigarette, puis une pastille de menthe. Et enfin, enfin, elle s’intéresse à quelque chose, à quelqu’un ! A un vieux pigeon, plutôt laid, ébouriffé, trottinant, devant eux, cahin-caha. - « Toi qui connais les oiseaux, peux-tu me dire s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle ? ». Il l’ignore, mais se souvient des pigeons d’Arles et de cette autre femme qui ne se préoccupait guère des ramiers… Il lui avoue son envie de l’embrasser, là , en plein soleil. Après qu’ils aient quitté le square, Franck montre à Sarah le fleuve grandiose, les péniches fleuries, les bateliers joyeux. Elle n’en a cure ! Il insiste sur la luminosité fantasmagorique. Vainement. Il se contente simplement de déclarer qu’il lui en faut quand même beaucoup pour l’émerveiller ! En traversant le pont Saint-Louis, il l’invite à se retourner. Reste-t-elle figée devant des cheminées d’usines, un pylône électrique ? Et pourtant, que l’île de la Cité, dans ses habits de grand apparat, resplendit ! A-t-elle décidé de l’attrister ? En jetant un œil vers « Le monde des chimères », il se garde bien d’évoquer les huîtres regorgeant d’Atlantique ! Persuadé, à l’évidence, qu’elle ne se comporte pas normalement, une fois encore, il l’interroge. - « Tu as des problèmes, Sarah ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? ». - « Je n’ai rien, voyons ! Tu te fais des idées ! ». Il sait bien que c’est inexact, mais il ne comprend pas. Est-ce vraiment une journée féerique ? Ils arrivent dans la cour intérieure de l’hôtel de charme. A la réception, Franck récupère la clef de la chambre avec vue sur le jardin d’hiver. Elle enlève ses lunettes de soleil… |
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