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Des hommes venus d\'ailleurs(1)
prose [ ]

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by [BOKAY ]

2006-12-05  | [This text should be read in francais]    | 




Des hommes venus d’ailleurs (1)

Je partage avec mon ami Clovis une passion dévorante (de temps je veux dire), L’ornithologie.
C’est le premier dimanche de mars, période de l’année particulièrement intéressante pour l’observation des premières nidifications.
Clovis et moi avons construit un abri de fortune au sommet d'un arbre imposant. Quelques planches calées et fixées à l’aide de cordes forment le plancher, une bâche verte recouvre l'ensemble. C’est dans ce minuscule habitacle que nous passons de nombreux dimanches, à photographier et à filmer les oiseaux. La semaine, nous travaillons tous deux au même journal.
Ce point d’observation n’a pas été choisi au hasard. Il se trouve à une vingtaine de mètres d’une vaste étendue d’eau, lieu propice au passage des oiseaux migrateurs. A quelques pas de notre arbre, la roche s’ouvre en deux et une étroite galerie s’enfonce profondément dans le sol. Cet endroit, situé à deux ou trois cents mètres d’une route à grande circulation, est facile d’accès
Aujourd’hui, les oiseaux se font attendre et pour tuer le temps, Clovis scrute la route, moi je rêvasse en regardant les roseaux se courber sous l’effet du vent…quand Clovis me sort de ma rêverie et me fait sursauter.


--- Il y a une bagnole d'arrêtée sur le bas-côté, ils ont sûrement crevés... Trois mec sortent... Je crois qu'ils cherchent le cric. Probablement des frangins, ils se ressemblent drôlement.
--- peut-être des triplés,? Pourquoi tu mets pas les écouteurs ? Lui dis-je, tu saurais ce qu’ils se disent.
Je me penche et lui passe l’appareil d’écoute à distance qui nous sert à enregistrer les bruits et les chants d' oiseaux. Clovis le pose sur ses oreilles et dirige le récepteur vers la voiture.
--- Ils sont pas bavards, dit Clovis, j’entends rien, juste une sorte de gazouillis, quelque chose que j’ai jamais entendu…En tout cas, ils n'ont pas l'air bien malin, ils ne trouvent même pas le cris !
Soudain, Clovis crispe ses doigts sur sa longue vue et tend son cou vers l'avant.
--- Regarde Max ! Le gars soulève la bagnole d’une main!
Je saisis ma paire de jumelle qui pend à mon cou, la pointe en direction de la route et fais la même constatation: Un des trois types soulève la voiture d’une main, un autre dévisse les écrous avec ses doigts et le troisième observe la route. En quelques minutes, la roue est remplacée, les types remettent tout le fourbi qu’ils ont sorti dans le coffre et repartent. Nous nous regardons médusés.
---Descendons, allons voir de plus près, dit Clovis!
Le froid est intense, j’ai les mains et les pieds gelées. Nous courrons jusqu'à la route et jetons un coup d'oeil à l’endroit où la voiture était arrêtée. A première vue, rien d’anormal.
Clovis se penche en avant et scrute méthodiquement le sol comme s’il avait perdu un objet précieux. Je le laisse fouiner et pour me réchauffer, je fais des allers et retours sur une dizaine de mètres en sautillant. Soudain, mon attention est attiré par un petit objet noir et brillant. Je le ramasse, cela ressemble à une grosse calculatrice, en plus épais avec des inscriptions dans une écriture qui m'est totalement étrangère. Des signes bizarres qui ressemblent à du thaï ou du cambodgien. Clovis se précipite et se saisit de l'objet.
--- Merde! J'ai jamais vu un truc comme ça, dit Clovis !
Nous scrutons le sol encore quelques instants, puis ne trouvant rien d'autre nous retournons à notre base.
Clovis s'assied sur l'avancée rocheuse qui tient lieu de chaise, souffle dans ses doigts gelés pour les réchauffer et examine l'objet minutieusement. Pendant ce temps je sors la thermo, avale un grand gobelet de chocolat chaud et en verse un à Clovis.
Des cris d'oiseaux venant de la cime des arbres se font entendre et me rappellent que c'est le bon moment pour filmer la construction du nid de buse. Je grimpe à notre observatoire, installe la caméra en direction du nid et jette un oeil en direction de la route. Mais, ce sont eux? La voiture revient, les trois types descendent et se mettent à scruter le sol. J'appelle Clovis et lui demande son avis.
---Ils sont certainement à la recherche de l'objet que t'as trouvé, dit Clovis. ---Qu'est-ce qu'on fait, on va leur rendre dis-je?
Clovis réfléchit un court instant.
--- Non, ce truc m'intrigue, je le garde!
Je n'approuve pas la décision de Clovis, l'objet est à eux, mais j'ai l'habitude de suivre son avis et je ne dis rien. Il a probablement ses raisons. Deux des types se sont mis à quatre pattes et cherchent dans l'herbe sèche et les feuilles mortes. L'autre ouvre le coffre de la voiture et sort un long tube fin et brillant. Il le pose à terre, plonge à nouveau sa main dans le coffre et retire un écouteur qu'il pose sur sa tête. A présent, il tient le long tube à deux mains et entreprend un balayage méthodique, de ses pieds à l'horizon.
Je me dis que si le type cherche peut-être ''l'objet'' et que s'il dirige son appareil vers nous, Il a des chances de détecte! Qu'est-ce qu'on peut faire? Faut agir vite! Une idée me traverse l'esprit, je crie à Clovis:
--- Cours dans la grotte avec le ''truc'', le plus loin possible, vite ils ont une sorte de détecteur.
Surpris, mais sans poser de question, Clovis disparaît dans la grotte. Le type continue son balayage pendant que les deux autres se sont redressés et regardent la route comme s'ils faisaient le guet. A présent, le type a effectué un tour complet, il pose son appareil et discute avec les autres. Mais il ne semble pas prêt à abandonner, il reprend son tube, ajuste ses écouteurs et s'avance dans la forêt. Les deux autres le suivent à une dizaine de mètres. Pendant ce temps, j'ai remis mon appareil d'écoute et j'essaie de saisir se qu'ils se disent, mais encore une fois, je n'entends que des gazouillements. Cette histoire ne me plaît pas et je décide de déguerpir au plus vite. Je fourre tous les appareils dans le sac à dos et je descends de notre observatoire le plus rapidement possible.
Arrivé au pied de l'arbre, je jette un dernier coup d'oeil, je vois les trois types, le mec du milieu balaie avec son espèce de tube et les deux autres se tiennent de chaque côté. Les mouvements brusques et rapides de leurs têtes indiquent un état de nervosité extrême. Je remarque que les deux types tiennent quelque chose dans la main, certainement une arme. De l'arbre à la grotte, il y a une trentaine de mètres que je franchis en courant. Je connais la grotte par coeur et dans une quasi obscurité, je file tout droit. Je place mes deux main en porte-voix et j'appelle Clovis. Il est certainement au fond de la cavité car j' entends faiblement sa réponse. A présent l'obscurité est totale, je sors ma lampe de poche et continue.
Après un passage étroit, je rejoins Clovis, il s'est assis, a allumé sa torche et tourne et retourne l'objet dans tous les sens. Nous nous sentons en sécurité, la petite cavité où nous nous trouvons est au moins à vingt mètres sous terre.
--- Peut-être que ça s'ouvre! demandai-je à Clovis, Fais voir!
Clovis me passe l'objet.
--- Il est peut-être gelé? Dit Clovis.
---Pas bête ça! C'est vrai, il fait tellement froid. T'as raison, je vais le réchauffer, dis-je.
J'entoure l'objet de mes deux mains et souffle dessus. Je le tiens ainsi depuis deux trois minutes, quand un léger déclic se fait entendre, nous regardons, un petit bouton poussoir s'est soulevé. Après différentes tentatives, nous réussissons à faire coulisser la partie supérieur. Maintenant, ça ressemble à un appareil photo, on distingue deux tout petits objectifs mais aucun viseur. Autour de chacun des objectifs, sont répartis cinq minuscules boutons.
--- J'ai une envie folle de tripoter à ces boutons, dit Clovis, mais j' hésite, j'espère que ce truc n'est pas dangereux!
Je ne réponds pas immédiatement, je n'en sais pas plus que lui, maintenant qu'on a commencé, la logique est que l'on aille jusqu'au bout. Clovis me regarde, attendant une réponse.
--- bon, essaies les boutons, dis-je, et puis si notre heure est arrivée...
Clovis appuie sur les différents boutons, soudain, une lumière sort des deux objectifs en même temps et une image en 3D apparaît devant nous, comme s'il y avait un écran virtuel. Elle représente un visage à gauche et un texte sur la partie droite, la même écriture que celle qui figure sur l'appareil. Nous n'avons jamais rien vu de semblable, l'image ne s'affiche pas sur une surface plate, elle ressemble plutôt à une sculpture de lumière. C'est vraiment étrange, j'avance ma main et je traverse l'image en la déformant. La netteté est telle, qu'on pourrait s'y méprendre et la confondre avec la réalité. Appuyant sur le bouton, je fait défiler d'autres images, mais toujours des portraits.
---Stop! Reviens en arrière, dit Clovis, je crois reconnaître quelqu'un.
moi aussi, j'ai la certitude d'avoir déjà vu ce visage, mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus.
--- C'était le mois dernier, dit Clovis. Souviens-toi, on cherchait à vérifier des rumeurs sur un trafique d'armes par l'intermédiaire d' une compagnie pétrolière.
--- Je m'en souvient dis-je, on doit retrouver ça dans nos dossiers.
Nous visionnons encore, toujours des portraits, excepté la dernière vue qui représente un château en mauvais état. Nous décidons d'arrêter de jouer avec le ''truc'', de le laisser là planqué dans une faille entre deux rochers et de remonter en surface.
Le froid est intense, nous sommes bouleversés par ce que nous avons vu et nous décidons de rentrer.
--- Et si on passait au journal, dit Clovis, je voudrais bien savoir qui est ce type. Il est peut-être la clef de toute notre affaire, une sorte de super scoop?
Clovis était passé me prendre à la maison, par conséquent, nous n'avons qu'une seule voiture. Nous rassemblons nos affaires et rejoignons la national par le petit chemin de terre. Passant devant l'endroit où les types s' étaient arrêtés, je jette un dernier coup d'oeil sur le bas-côté et je me dis que tout cela n'est pas rationnel. Je commençais à gamberger sur ce qui nous arrivait, à supposer... Et si c'était... Et si on avait... Que Clovis accélère brutalement. J'ai même pas le temps de lui demander ce qui lui prend qu'il se met à gueuler:
--- Et merde! Les types sont derrière nous!

BOKAY (à suivre)

Mes écrits et dessins : http://bokay.over-blog.org/











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