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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2020-05-12 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt
Matin, j'ai tout aimé, et j'ai tout trop aimé ;
À l'heure où les humains vous demandent la force Pour aborder la vie accommodante ou torse, Rendez mon cœur pesant, calme et demi-fermé. Les humains au réveil ont besoin qu'on les hèle, Mais mon esprit aigu n'a connu que l'excès ; Je serais tel qu'eux tous, Matin ! s'il vous plaisait De laisser quelquefois se reposer mon zèle. C'est par mon étendue et mon élan sans frein Que mon être, cherchant ses frères, les dépasse, Et que je suis toujours montante dans l'espace Comme le cri du coq et l'ouragan marin ! L'univers chaque jour fit appel à ma vie, J'ai répondu sans cesse à son désir puissant Mais faites qu'en ce jour candide et fleurissant Je demeure sans vœux, sans voix et sans envie. Atténuez le feu qui trouble ma raison, Que ma sagesse seule agisse sur mon cœur, Et que je ne sois plus cet éternel vainqueur Qui, marchant le premier, sans prudence et sans peur, Loin des chemins tracés, des labours, des maisons, Semble un dieu délaissé, debout sur l'horizon... (Anna de Noailles, Poème de l’amour, 1924)
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