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Le pouvoir des mots
article [ Creative ]

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by [zazie ]

2016-05-17  | [This text should be read in francais]    | 








Chaque soir, cette peur qui n’a plus de loi, qui s’immisce dans mes artĂšres comme une vague empoisonnĂ©e, les sourires crispĂ©s des gens dans la rue qui me susurrent des mots Ă©dulcorĂ©s, la vie, les voĂ»tes de ton sourire, la traĂźne de tes rĂȘves, les mĂȘmes masques qui fredonnent des chansons sur les nuits et les songes
 Et finalement mon corps qui ne veut plus prier, qui n’implore pas l’absolution, ce dĂ©fi est une insulte, un malentendu, un sanglot qui s’étouffe sous les gants en velours, “cet amour si fou, si tendre, si dĂ©sespĂ©rĂ©â€ et aucune rĂ©action, aucun geste, cette femme est muette, dĂ©sintĂ©grĂ©e, ignoble.
J‘essaie de redevenir moi-mĂȘme dans un ocĂ©an de doutes, cherchant la paix parmi les rĂ©cifs de ma mĂ©moire cassĂ©e, cette partition pour une poupĂ©e maladroite demeure fatigante.

Mais d’oĂč vient ce pouvoir Ă©trange de ne pas lĂącher prise, de ne pas succomber aux griffes du dĂ©sespoir? Comment peindre des mots si les doigts sont atteints d’une lourde paralysie? Bouge tes mains, ouvre tes yeux, sors de toi-mĂȘme, pars si tu veux, murmurent les dents des inconnus
 Parfois je ne devine plus une ombre parmi les gouttes de la pluie froide. Hier je me cachais dans la nuit des maisons anonymes, aujourd’hui, agenouillĂ©e dans le sable, l’oreille collĂ©e aux fibres chaudes du dĂ©sert d’or, j’écoute pieusement les histories des autres. Ma seule religion est un rĂ©cit Ă©crit dans le sable, je respire ces lettres, je lave mon corps avec ces graphes qui s’étirent comme les chats aprĂšs un sommeil trop long. Je n’ai pas de passĂ© et je viens de nulle part. Je m’habille de noir et je promĂšne mon ombre grise et engourdie dans ces dunes depuis trĂšs longtemps. Je suis faible, lourde, atteinte d’une maladie sans nom, amĂšre comme une proie qui n’a pas pu s’enfuir, s’évader, prier pour quelque idĂ©al, bĂątir une maison, soigner ses plaies. Ce voyage au bout de moi-mĂȘme fait peur aux inconnus qui me respirent, tes traversĂ©es du dĂ©sert sont honteuses et dĂ©risoires, tes soupirs sont noirs, repentis-toi, prie, ta salvation viendra un jour, peut ĂȘtre.
Les paroles tombent toujours comme des coups de tonnerre. J’inhale leur odeur forte, j’exhale leur essence subtile. Le pouvoir des mots a reconfigurĂ© la carte de mon Ăąme. Un jour j’ai reçu une lettre qui a bouleversĂ© ma vie. Une histoire amĂšre, un conte de fĂ©es pĂ©trifiĂ©es, des personnages qui respiraient dans mes lignes et peu Ă  peu j’ai rĂ©appris les mots, j’ai devinĂ© l’esquisse d’un sourire, j’ai priĂ© pour la premiĂšre fois aprĂšs de longues journĂ©es sans air. Et j’ai dĂ» me repentir pour toutes mes errances, mes erreurs, mes espoirs dĂ©risoires. Ces mots dĂ©licats, expiatoires, souvent graves, venus de loin, qui ont senti la nuit oĂč je sombrais et qui parlaient d’amour, peut ĂȘtre


Viens, assieds-toi, Ă©coute-moi, lis mes lĂšvres, tu fais peur, qui est tu, quelle est la couleur de ton nom, ta dĂ©suĂ©tude est comme une vieille robe de chambre, tu cherches la rĂ©demption, la passion? Parle-moi de toi. Pourquoi ce silence, viens, je vais te dessiner pour mieux te voir, tu ne dis rien, tu renie ton passĂ©, ouvre ta bouche, regarde moi, laisse moi suivre le contour de ton sourire amer, t’as des vagues noires sous les yeux, ne tremble plus, regarde toi dans ce miroir, qu’est ce que tu vois dans cette eau frĂ©missante ? Tu seras cette rĂ©flexion dans ce dĂ©cor que j’ai inventĂ© pour toi, pour ton arrivĂ©e. Je trace un fleuve noir sur tes cils, une mer chaude dans tes cheveux, je dĂ©coupe l’air pour mieux cadrer ton corps qui tremble.

La beautĂ© ultime des paroles
 je sens leur rythme aigu qui envahit mes veines, ce flux fiĂ©vreux nourrit mes doigts et je commence Ă  dĂ©colorer les cernes des jours. Les mots n’ont pas de fin, leur pouvoir qui guĂ©rit, qui fait peur parfois est devenu ma nouvelle foi.

Et j’écoute une javane dans des bras invisibles, tu sais bercer mes amertumes, parle moi d’amour, de cette terre qui s’écroule sous le brouillard, je veux que tu m’entendes Ă  ton tour, dessine-moi sans voiles, je serai prĂȘte Ă  envelopper tes pieds dans des feuilles rousses d’automne, Ă  te dĂ©chiffrer, Ă  te voir sous la pluie. La chanson de mon abandon, mon attente qui s’est transformĂ©e en rouille, le poison des nuits qui coule dans mon lit blĂȘme, les sons de mon sang sont les vestiges d’une amnĂ©sie qui doivent se dissiper dans la lumiĂšre
 L’oubli est un oiseau qui crie encore la tristesse des balades sans phare, je suis devant toi, je suivrai mon dĂ©calogue et je tenterai ma chance de redevenir femme dans un ocĂ©an de mots. Et je veux ĂȘtre Ă  l’abri des mots, des caresses, je veux que cette effluve ne cesse pas de baigner mon front le soir, devant la lune et les anges.
Blottie dans un baldaquin blanc, caressant les poupĂ©es endormies parmi des fleurs et des horloges, je rĂȘve de la lumiĂšre des jours d'or, mes dentelles auront la couleur de l’aube, j’esquisse des mots pour soulager mes peines, je suis mon chemin baignĂ© d’un halo encore diffus et j’écris l’histoire de mes talons qui grattent la peau des rues. Je mets fin Ă  cette attente, je me regarde dans un miroir clair, j’essuie les gouttes de lune et les larmes sur mes doigts, il faut toujours regarder en avant, surtout maintenant, amoureuse de ces mots sereins, graves, tendres.

J’ai attachĂ© un pinceau Ă  mes doigts. J’apprends Ă  esquisser des visages, des tableaux, des livres. Un aria de voyelles s’imprĂšgne de la couleur des perles quelque part, au bord de la mer, sous les ondes du zĂ©nith.


Photographie de Christian Demare

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