Plantée là pas loin de moi dans le désert
La page était blanche
Je la méditais elle me parut toute vieille
Si nue si triste tel un âge sans reflet
Tel un visage
Couché sous la terre quasi chaude malgré l'hiver
La page était blanche
Une présence
Un silence
Une existence sous laquelle je gémissais faiblement
Ici devant elle au bord de son océan mat
L'hésitation de raconter le vide ne vient pas
Déjà
La page était blanche
Sans histoire
Pourtant elle avait la force d'émouvoir
Le frisson que versait ma plume
Sur la zone obscure de l'âme
Sur les attitudes bizarres
L'étape de la nuit interminable
La page était
Sans sujet
Comme la vie d'une personne semblable
Le sang qui ne supporte pas la vue du sang
Le sang qui ne supporte pas la misère