Tout comme je connais moi-même les effets secondaires de l’écriture et de certaines lectures qui vous surprennent, vous déconcertent ou même vous stupéfient en vous laissant là, complètement pétrifié entre deux pages, connaissez-vous, tout Lutin que vous êtes, les effets secondaires des écrans ?

Comme l’arbre qui cache la forêt, comme les « sociétés-écrans » qui cachent d’autres sociétés; les écrans dits intelligents, en cachent bien d’autres plus pernicieux ; et ne vous y trompez pas, la fluorescence de nos écrans à plasma ou à cristaux, n’a rien à voir avec la transparence des méduses.

Les profondeurs des miroirs comme celles des eaux en témoignent, les méduses qui viennent se perdre sur nos rivages sont bien innocentes tout comme les Gorgones des mythes qui ne sont pas du tout celles que l’on pense, que l’on imagine ou que l’on croit tout bonnement.
D’ailleurs, il y a plus de 600 millions d'années, qu’elles baignent dans nos en eaux tièdes, froides ou chaudes, et elles s’en portent très bien sans nous.

Méduse, Euryale et Sthéno, les sœurs gorgones, la tête auréolée de serpents colériques, symbolisent depuis toujours l’ennemi à combattre absolument, c’est là un mythe, et comme tout mythe, il dit ou révèle quelque chose de notre époque.

Cherchez l’erreur !

Les sœurs Gorgone de jadis, qui transformaient en pierre ceux qui les regardaient, tout en étant l’une des figures les plus populaires et les plus durables de la mythologie grecque, ne sont plus les mêmes aujourd’hui; à l'heure actuelle, elles sont comme des surfaces variées, tactiles, petites ou grandes, panoramiques ou courbes.

Même si dans leur milieu de vie, les méduses de nos mers et océans sont généralement considérées par les zoologistes comme des prédatrices, peut-on en dire de même de nos écrans ?

Tous embarqués sur le même rafiot plein de médusés, nous naviguons vous et moi, mais face aux écrans, sommes-nous tous égaux ?

Suis-je moi-même à cran d’écran, et sommes-nous tous, vous et moi, accros et sous influence ?

Pour certains auteurs d’études cliniques, les écrans et les mondes dits virtuels auraient des effets comparables à ceux des psychotropes au point de nous hypnotiser.

Drogue dure ou panoramique, quelle est la bonne dose d’écran ?

Qui voyait la tête de Méduse en restait pétrifié disait-on, mais quel en est « le pendant » aujourd’hui, chez nous, dans notre vie quotidienne ?

En exaltant nos passions, nos pulsions, nos sens comme notre imagination, qu’en est-il vraiment de nos écrans modernes ?

Quelle est leur part d’effets cathartique ? Ne sont-ils que les miroirs déformants, comme des images déformées de nous-mêmes et du monde, de quoi frapper de stupeur les uns ou de pétrifier d’horreurs les autres ?

Entre l’arc-en-ciel et la plage, tout au bout de la jetée comme au bout d’une réflexion, j’en reste béat et tout médusé, tout simplement parce que nous sommes tous médusables à souhait ou modulables à volonté.


Et parce que le regard des écrans pétrifie quiconque ose les regarder, tous nos écrans sans exception tirent avantage de ces illusions d'optique aussi prégnantes que gluantes, pour nous pervertir autant que pour nous divertir; et là encore, sous leur belle cloche transparence comme des ombrelles gélatineuses, les méduses n’y sont absolument pour rien !