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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-05-16 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt
Le bonheur paralyse mon esprit. La réussite me vide de moi-même et la chance en amour efface les traces de la grandeur. Le bonheur ignore le moi…
Après avoir perdu, épuisé, sa conscience dans la volupté, avec quelle fébrilité on aspire à la séparation ! Pouvoir être seul dans sa chambre, sans sa maîtresse, tout seul, et savourer le nectar de la malchance ! Affranchi de tout idéal, la vue brouillée par l’existence, étirer la fatigue de son rêve au-delà du ciel ! On s’affale dans le monde mais, n’y trouvant pas d’aliment, on se nourrit des rogations de l’exil. La vraie vie n’est pas dans la mesure, elle est dans la rupture. L’univers ne guérissant pas la blessure du cœur, on doit sous les étoiles s’enivrer de délire. Car ni les épaules ni le cerveau ne supportent plus le fardeau de l’incompréhensible. Le destin souffle comme une brise dans les idées. Et la Logique, vers laquelle tend le vide de la pensée, en est ébranlée. L’âme lamine les catégories. Et le cosmos devient supplice. (E. M. Cioran, Bréviaire des vaincus, fragment no 53)
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