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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-11-08
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4 novembre
C’est de force que j’avais quitté une clinique et je n’ai pas encore trouvé, à la mer, un hôpital où je serais bien accueilli. Ainsi, je me suis engagé dans un hôpital psychiatrique. 10 novembre Je n’ai pas vu, jusqu'à présent, quelqu'un dans une camisole de force. C’est effrayant. Il se débattait, se tortillait, se défendait, hurlait, écumait, il a même écorché les soignants... Finalement, ils l’ont vaincu. 12 novembre De nouveau, je sens m’avoir trompé de métier. Un beau jour, si je reste ici, ils seront obligés de me mettre, moi aussi, dans la camisole de force. Non, je ne devais pas embrasser le métier de docteur. Je maudis le jour où j’ai renoncé à mon illusion, la musique, pour l’odeur d’acide phénique. C’est le pire. Je suis arrivé à détester même la souffrance. Lorsque je vois quelqu'un qui souffre, je tourne la tête. J’essaie de me convaincre chaque matin que je ne suis pas dans une serre, mais dans un hôpital et plus encore, dans un hôpital psychiatrique, que je pratique une profession noble et que je dois absolument chasser l’enfer qui habite l’âme des hommes qui n’ont plus résisté. Certains souffrent de maladies héréditaires, mais d’autres y sont arrivés parce qu’ils n’ont pas résisté. La corde de leur âme a crevé, comme si c’était un violoncelle. Et, tout à coup, la mélodie n’est plus normale. Elle n’est plus qu’un grincement. Qu’est-ce que l’enfer? Une corde brisée. Il suffit une seule corde brisée pour que l’entité, la merveille soit mise en miettes. L’homme n’est plus homme. L’enfer s’empare de son âme. Le combat est aussi rude que noble, pour que tu guérisses de pareils hommes. Chaque homme guéri, c’est un homme arraché à l’enfer. Ici, je suis sur même la ligne de front, sur la ligne de démarcation d’entre la vie et la mort. Je suis le soldat de la chanson, la vraie, du profond de l’homme. Mais, hélas! Je suis un mauvais soldat, je n’ai pas assez de courage pour regarder quelqu'un en camisole de force. Lorsque je les vois dans la cour, j’ai bien envie de les mettre, tous, dans la camisole de force et, ensuite, m’en aller à la pendaison. Je ne résiste plus. Le soir, quand je vais me coucher, je suis brûlé. Si j’étais quelqu'un de sérieux, je démissionnerais. Mais je ne le fais pas non plus. Je souris! Je souris avec tout le monde. Avec les fous, aussi. Je souris devant ceux qui me regardent. Je souris au lieu de hurler. Si j’hurlais, peut-être, je me calmerais. J’aurais, enfin, un sommeil tranquille. Mais, comme ça, le sourire devient fatiguant. Il me détruit. Je vais entrer dans une camisole de force en souriant. *traduit du roumain – extrait Un om norocos – Octavian Paler
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